Briser les silos
Avec Maude Massicotte, directrice générale chez DéfPhys Sans Limite
Pourriez-vous nous parler un peu de votre parcours, tant au niveau de l’engagement que dans les sphères politiques et professionnelles ?
Je n’ai pas eu un parcours typique… Ça a été des hauts et des bas. J’ai fréquenté des écoles spécialisées, dans lesquelles j’ai fait ma scolarité et ma réadaptation en même temps. Je me suis donc orientée très rapidement à faire du bénévolat dans mon réseau. J’ai accepté toutes les opportunités pour bâtir des relations solides et me faire connaître. Mon objectif était de pouvoir travailler à mes 21 ans, à ma sortie de l’école secondaire.
Par la suite, j’ai travaillé pour la Fondation pour l’enfance Starlight Canada, au sein de laquelle j’ai contribué à l’organisation d’activités pour les enfants gravement malades et en situation de handicap. En parallèle, j’ai cofondé l’organisation DéfPhys Sans Limite. Puisque ce projet commençait à prendre de l’ampleur, j’ai éventuellement décidé de quitter mon emploi à la Fondation pour pouvoir m’y concentrer. Évidemment, comme j’étais bénévole pour mon organisme, je me suis trouvé un emploi à temps partiel au sein du Regroupement des organismes spécialisés en employabilité, en tant qu’agente de communication. J’ai également travaillé pour l’organisme INÉÉI-PSH (L’Institut National pour l’égalité, l’équité des personnes en situation de handicap) en tant que coordinatrice adjointe programmes & services. Je suis actuellement salariée pour DéfPhys Sans Limite et étudiante à Concordia au programme Développement économique communautaire.
Pour expliquer simplement, DéfPhys Sans Limite est un organisme à but non lucratif pour les jeunes adultes de 18 ans et plus, qui organise des activités destinées aux personnes ayant un handicap physique en offrant des bénévoles accompagnateurs pour répondre à leur besoin lors des activités. Nous répondons au besoin de briser l’isolement de ces personnes, exacerbé notamment par le fait que les aides gouvernementales ne sont pas toujours suffisantes pour soutenir les adultes ayant des handicaps physiques qui sont semi-autonomes dans leurs sorties et loisirs hors du domicile.
Est-ce que vous vous souvenez de votre première participation à une activité de l’INM ?
J’ai connu l’Institut du Nouveau Monde en 2016, lors de mon premier mandat à la Ville de Montréal en tant qu’ambassadrice du 375e anniversaire de la Ville. Puis, nous avons collaboré avec l’INM à l’élaboration du Sommet jeunesse, qui a eu lieu en mai 2017, avec comme objectif que tout le monde se sente inclus dans l’événement. Par la suite, j’ai été invitée aux Écoles d’été et d’hiver de l’INM.
J’ai apprécié la grande ouverture des autres participantes et participants à vouloir trouver des solutions pour ma situation, même si j’étais la seule personne handicapée et qui osait nommer ce dont j’avais besoin. L’équipe essayait vraiment de m’accommoder, même si tout n’était pas parfait, bien sûr. Aussi, j’ai aimé pouvoir rencontrer d’autres jeunes qui portaient d’autres causes, mais qui souhaitaient aussi un meilleur vivre-ensemble.
Quel est votre meilleur souvenir de vos participations aux activités de l’INM ?
C’était à une École d’hiver au Collège de Maisonneuve, où je faisais partie d’un atelier qui avait comme objectif de favoriser le vivre-ensemble. Durant l’événement, je voulais faire connaître un modèle des maisons partagées en France connu sous le nom Simon de Cyrène, que j’avais visité quelques semaines plus tôt. Dans ce type de maison, les personnes avec et sans handicap y cohabitent. J’ai pu le présenter devant le reste des participants de l’école hiver et ça fait émerger bien de nouvelles idées pour un modèle type our un meilleur vivre-ensemble.
Quel impact croyez-vous que votre passage dans les Écoles de citoyenneté de l’INM a eu sur votre parcours ?
Cette expérience m’a permis de sortir de la communauté des personnes en situation de handicap. J’ai compris qu’il était important de ne pas travailler en silo et d’avancer avec d’autres groupes qui ont des enjeux similaires.
Qu’est-ce que ça signifie, pour vous, avoir 20 ans ?
Avoir 20 ans, c’est d’avoir la vie devant soi, d’être insouciant. Mais plus on vieillit, plus on réalise que la vie passe vraiment vite !
Qu’est-ce que vous souhaitez aux générations futures du Québec ?
Je souhaite qu’on ait moins d’individualisme et qu’on travaille réellement à inclure tout le monde dans la société. Avec l’effort de chacun, on peut atteindre un meilleur vivre ensemble.
Photo de Valérie Dubuc
Façonner un monde plus juste, avancer ensemble, entretenir la flamme de la jeunesse. Dans le cadre des 20 ans de l’Institut du Nouveau Monde, nous avons demandé à 20 personnalités étant passées par les écoles de citoyenneté de l’INM de nous parler de leur parcours et de leur vision de la participation citoyenne. Quelle a été l’étincelle de leur engagement ? Qu’est-ce que ça signifie d’avoir 20 ans ? Que souhaiter aux générations futures ? À travers cette collection de portraits intimes et colorés, ils et elles nous racontent l’histoire d’un Québec pluriel et résolument tourné vers l’avenir.