Bulletin des budgets 2018
Le Bulletin des budgets de l’Institut du Nouveau Monde propose une lecture des budgets selon les effets et l’impact de mesures sur la réduction des inégalités, grâce à une analyse d’un panel plus de 70 éminents économistes et spécialistes des politiques publiques.
Tout comme un étudiant est évalué dans un bulletin académique, nos gouvernements ont reçu des notes en fonction de l’impact estimé sur les inégalités de leur mesure. A+ indique que l’ensemble des mesures réduirait considérablement les inégalités; E indique que l’ensemble des mesures augmenterait dramatiquement les inégalités. Ces notes extrêmes sont toutefois quasi-impossibles à atteindre en pratique, puisqu’il est rare que les effets d’un ensemble disparate de mesures socioéconomiques fassent consensus parmi une pluralité de spécialistes d’horizons différents.
Pourquoi s’attarder aux inégalités?
En plus de nuire à la démocratie, des inégalités économiques et sociales élevées réduisent la réussite scolaire et la mobilité sociale, tout en minant la santé de la population et la croissance économique. Somme toute, des inégalités élevées coûtent cher aux sociétés. Ces constats sont partagés par un nombre étonnant de politiciens, de chercheurs et d’économistes d’ici et d’ailleurs, et par une majorité de grandes organisations internationales telles que l’OCDE, le FMI et l’ONU.
Plusieurs statistiques le démontrent : le Québec n’échappe pas à la hausse des inégalités depuis trente ans. D’ailleurs, selon un sondage Léger/Institut du Nouveau Monde mené en 2014, 70 % des Québécois croient que la réduction des inégalités de revenus devrait être une priorité pour nos gouvernements. De plus, 56 % des répondants jugent que les réformes gouvernementales devraient avoir comme critère de ne pas augmenter les inégalités de revenus, alors que seulement 25 % s’opposent à cette idée. Dans la même veine, 73 % des répondants considèrent que lorsque les gouvernements mettent en place, modifient ou abolissent des programmes sociaux ou des services publics, ils devraient publier des études d’impacts quant à leurs effets possibles sur les inégalités de revenus.
Définition des inégalités – Pour estimer l’effet et l’impact des mesures du budget sur les inégalités, une définition précise de celles-ci est requise. Nous souhaitons savoir si les mesures (réformes) augmentent ou réduisent les inégalités économiques et sociales. Par inégalités économiques, nous entendons les écarts de revenus ou de richesses à long terme entre la classe moyenne et les mieux nantis, entre les mieux nantis et les moins nantis ou entre les moins nantis et la classe moyenne. Par inégalités sociales, nous référons à des inégalités d’opportunités ou de résultats qui sont indépendantes des efforts, des talents ou des libres-choix des individus (écarts d’espérance de vie entre quintiles de revenus, mobilité sociale différente, accès au crédit, au système de justice, à l’éducation ou à des soins de santé, etc.).
Budget fédéral 2018-2019
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- Mesure #1 : Investissement de près de 5 milliards $ sur 5 ans pour améliorer la situation socioéconomique et politique des autochtones au Canada
- Mesure #2 : Mise en place d’un régime d’équité salariale pour les entreprises de juridiction fédérale
- Mesure #3 : Dépenses de 80 M$ sur 5 ans pour des mesures favorisant les femmes sur le marché du travail au Canada
- Mesure #4 : Augmentation de 50 % des prêts consentis pour la construction de logement
- Mesure #5 : Indexation de l’Allocation canadienne pour enfants (ACE)
- Mesure #6 : Réforme fiscale visant les petites entreprises concernant les revenus de placement passif et le fractionnement du revenu
- Mesure #7 : Nouvelles mesures pour lutter contre l’évitement fiscal international
- Mesure #8 : Maintien de budgets déficitaires
Budget du Québec 2018-2019
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- Mesure #9 : Diminution du taux du premier palier d’imposition sur le revenu des particuliers
- Mesure #10 : Mesures améliorant les conditions de vie des travailleurs et des familles
- Mesure #11 : Hausse du salaire minimum à 12 $ de l’heure
- Mesure #12 : Réduction de la facture fiscale des petites et moyennes entreprises
- Mesure #13 : Montant de 2 milliards $ pour l’entente avec les médecins spécialistes
- Mesure #14 : Plan visant à réduire la pauvreté
Près de 70 spécialistes des inégalités et des politiques publiques provenant de 13 disciplines et 16 institutions différentes ont participé au Bulletin des budgets 2018. Ce panel d’experts chargé par l’Institut du Nouveau Monde d’évaluer l’impact des principales mesures des budgets du gouvernement fédéral et du Québec sur les inégalités sociales. Dans l’ensemble, le panel estime que les deux budgets font bonne figure pour réduire les inégalités.
Cette année, la note moyenne globale pour le budget fédéral s’améliore par rapport à l’an dernier, passant de B- à B+. Pour une deuxième année consécutive, le budget du Québec contribuera à réduire les inégalités avec la même note qui lui avait été attribuée l’année dernière, soit la note B.
Budget fédéral
Cette année, le budget fédéral fait meilleure figure que le budget provincial avec une note d’ensemble de B+. L’effet moyen cumulé des mesures contenues dans le budget fédéral est évalué positivement par 98 % du panel, alors que 2 % estiment que l’effet sera négatif. De plus, le budget obtient une meilleure note moyenne globale lorsque comparé à celui de l’année dernière, qui était de B-.
Chacune des mesures retenues ont obtenu une note située entre A- et B+. Selon le panel, toutes les mesures auraient un impact positif quant à la réduction des inégalités, constat qui fait consensus parmi les panélistes. Celle ayant un impact plus important sont la mise en place d’un régime d’équité salariale pour les entreprises de juridiction fédérale, l’investissement de 5 milliards $ pour l’amélioration la situation socioéconomique et politique des autochtones au Canada, les investissements dans des mesures favorisant les femmes sur le marché du travail, ainsi que la réforme fiscale visant les petites entreprises.
Budget du Québec
Le budget provincial 2018-2019, qui est le cinquième budget du Ministre Carlos Leitão, a reçu la même note globale que celui de l’an dernier, soit B.
Selon le panel, cinq des six mesures provinciales évaluées contribueront à diminuer les inégalités. Celles ayant un impact plus important sont : la hausse du salaire minimum à 12 $ de l’heure, les mesures visant l’amélioration des conditions de vie des travailleurs et des familles, ainsi que la diminution du taux du premier palier d’imposition sur le revenu des particuliers.
Seule une mesure provinciale évaluée augmenterait les inégalités, soit le montant accordé aux médecins spécialistes dans la récente entente sur leur rémunération. Plus de 76% des panélistes étaient de cet avis, un niveau de consensus élevé.
- Jules Bélanger, économiste
- Dorothée Boccanfuso, économiste et professeure à l’Université de Sherbrooke
- Mélanie Bourque, professeure au Département de travail social de l’Université du Québec en Outaouais
- Sébastien Breau, professeur au Département de géographie de l’Université McGill
- Laure Célérier, professeure en administration publique à l’Université d’Ottawa
- Marie-Thérèse Chicha, professeure à l’École de relations industrielles de l’Université de Montréal
- Jean-Claude Cloutier, économiste
- Marie Connolly, économiste et professeure à l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal
- Jean-Michel Cousineau, économiste et professeur à l’Université de Montréal
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Janet Currie, économiste et professeure à l’Université Princeton
- Nolywé Delannon, professeure à la Faculté des sciences de l’administration de l’Université Laval
- François Delorme, économiste et enseignant au Département de sciences économiques de l’Université de Sherbrooke
- Peter Dietsch, économiste et professeur de philosophie à l’Université de Montréal
- Jacinthe Dion, professeure au Département des sciences de la santé de l’Université du Québec à Chicoutimi
- Pierre Doray, professeur au Département de sociologie de l’Université du Québec à Montréal
- Pascale Dufour, professeure au Département de science politique de l’Université du Québec à Montréal
- Lucie Dumais, professeure à l’École de travail social de l’Université du Québec à Montréal
- Jonathan Durand Folco, professeur à l’École d’innovation sociale de l’Université St-Paul
- Charles Fleury, professeur à la Faculté des sciences sociales de l’Université de Laval
- Alexis Gagné, économiste
- Jean-Denis Garon, professeur agrégé au Département des sciences économiques à l’Université du Québec à Montréal
- Lucie Gélineau, professeure au Département de psychosociologie et travail social de l’Université du Québec à Rimouski
- Vincent Geloso, économiste et professeur invité à Bates College
- Antoine Genest-Grégoire, professionnel de recherche à la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke
- Luc Godbout, fiscaliste et directeur du département de fiscalité de l’Université de Sherbrooke
- Stéphane Grenier, professeur en travail social à l’Université du Québec en Abitibi- Témiscamingue
- Catherine Haeck, économiste et professeure à l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal
- Marc-André Houle, doctorant et chargé de cours au Département de sciences politiques à l’Université du Québec à Montréal
- Maripier Isabelle, économiste et chercheure postdoctoral au James M. and Cathleen D. Stone Centre for the Study of Wealth Inequality
- Olivier Jacques, doctorant en science politique à l’Université McGill
- Lucie Lamarche, avocate et professeure à l’Université du Québec à Montréal
- Simon Langlois, professeur émérite en sociologie à l’Université Laval
- Lyne Latulippe, professeure à l’École de gestion de l’Université de Sherbrooke
- Pierre Lefebvre, économiste et professeur à l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal
- Justin Leroux, économiste et professeur à l’École des Hautes Études Commerciales de Montréal
- Paul Makdissi, économiste et professeur à l’Université d’Ottawa
- Amélie Maugère, professeure à l’École de travail social de l’université de Montréal
- Sylvain Melançon, économiste indépendant
- Pierre-Carl Michaud, économiste et professeur à l’École des Hautes Études Commerciales de Montréal
- Maurice Mongrain, avocat
- Stéphane Moulin, économiste et professeur de sociologie à l’Université de Montréal
- André-Anne Parent, professeure en travail social à l’Université de Montréal
- Mathieu Perron-Dufour, économiste et professeur à l’Université du Québec en Outaouais
- Chiara Piazzesi, professeure au Département de sociologie à l’Université du Québec à Montréal
- Katherine Pineault, économiste, Ouranos
- Louise Potvin, professeure titulaire à l’École de santé publique de l’Université de Montréal
- Ysabel Provencher, professeure à l’École de travail social et de criminologie de l’Université de Laval
- Hicham Raïq, chercheur et chargé de cours au Département de sociologie de l’Université de Montréal
- Marie-France Raynault, médecin et chef du département de santé publique et médecine préventive du Centre Hospitalier de l’Université de Montréal
- Marwah Rizqy, fiscaliste et professeure à l’École de Gestion de l’Université de Sherbrooke
- Louis-Philippe Rochon, économiste et professeur à l’Université Laurentienne
- Mario Seccareccia, économiste et professeur à l’Université d’Ottawa
- Suzie St-Cerny, chercheure à la Chaire de fiscalité et finance publique de l’Université Sherbrooke
- Martin St-Denis, économiste, MCE Conseils
- Yves St-Maurice, consultant en économie
- Dominique Tanguay, directrice adjointe à l’Institut Femmes, Sociétés, Égalité, Équité
- Geneviève Tellier, professeure à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa
- Pierre P. Tremblay, professeur associé au département de science politique de l’Université du Québec à Montréal
- Hong-Loan Trinh, chargée de cours à la Faculté de science politique et de droit et à l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal
- Patrick Turmel, professeur à la Faculté de philosophie de l’Université Laval
- Axel van den Berg, professeur en sociologie à l’Université McGill
- Cécile Van de Velde, professeure de sociologie à l’Université de Montréal
- David Wachsmuth, professeur à l’École d’urbanisme de l’Université McGill
- Myra Yazbeck, économiste et professeure à l’Université d’Ottawa
- Sylvain Zini, économiste et chargé de cours au Département de science politique et droit à l’Université du Québec à Montréal
- Nom confidentiel (souhaite rester anonyme), économiste et professeur(e) à l’Université Harvard
- Nom confidentiel (souhaite rester anonyme), chercheur(e)
- Nom confidentiel (souhaite rester anonyme), chercheur(e)
- Nom confidentiel (souhaite rester anonyme), chercheur(e)
- Nom confidentiel (souhaite rester anonyme), chercheur(e)
- Nom confidentiel (souhaite rester anonyme), chercheur(e)
Pour en savoir plus sur les inégalités sociales
Une nouvelle vidéo animée braque le projecteur sur les inégalités
L’INM et l’Institut Broadbent unissent leurs forces pour rendre publics pour la première fois les résultats spécifiques pour le Québec d’une enquête par sondage menée récemment par l’Institut Broadbent. De cette enquête, nous apprenons que les Québécois sous-estiment grandement l’écart de richesse qui existe au Québec et souhaitent une répartition beaucoup plus équilibrée des richesses.
Les inégalités, un choix de société? Mythes, enjeux et solutions
Cet ouvrage rassemble les principales réflexions citoyennes et connaissances scientifiques sur la question des inégalités sociales au Québec. Dans ces pages, plusieurs mythes seront déconstruits. Certains constats et leçons seront tirés. Des solutions efficaces seront proposées. Le statu quo coûte cher et une approche globale est à privilégier. Nous sommes à la croisée des chemins.