Cahier de préparation à l’atelier

Concertation citoyenne élargie pour la mise en valeur du secteur de planification Bridge-Bonaventure

Atelier 3. Des parcours d’entrée de ville structurants, cohérents et inspirants et les composantes patrimoniales et paysagères mises en valeur.

Résumé: 

Témoins de l’histoire, de l’innovation et de l’essor économique de Montréal, le secteur Bridge-Bonaventure renferme des ressources patrimoniales, archéologiques et paysagères des plus emblématiques. Par les pistes cyclables ou multifonctionnelles, les voies ferrées, les ponts et l’axe Bonaventure, le fleuve, le canal et bientôt le Réseau express métropolitain (REM), les parcours d’entrée de ville interpellent notre rapport constant aux paysages caractéristiques de Montréal, à ses marqueurs territoriaux et à l’identité spécifiquement industrielle du secteur Bridge-Bonaventure.

L’identification de ces paysages soulève la notion de perception inhérente aux différents modes de déplacement (vitesse, échelle, proximité). L’atelier offre l’opportunité, non seulement de bonifier l’identification de ces richesses, mais également leurs moyens de préservation et de mise en valeur. Lors de cet atelier, des objectifs et des balises d’aménagement ainsi que des moyens de mise en œuvre seront soumis aux participants pour discussion, afin de guider le développement de ce secteur.

Première partie
Des parcours d’entrée de ville

Recommandations

La commission recommande :

L’entrée de ville du pont Samuel-De Champlain et de l’autoroute Bonaventure  

  • D’explorer, en partenariat avec la société des Ponts Jacques-Cartier et Champlain Inc., la possibilité de repousser le futur tracé du boulevard urbain Bonaventure vers l’arrière du Parc d’entreprises de la Pointe-Saint-Charles afin de permettre la création d’une coulée verte et bleue plus large et tranquille.

L’entrée de ville du pont Victoria et de la rue Bridge

  • D’examiner la faisabilité de relier les entrées et sorties du pont Victoria à la partie surélevée de l’actuelle autoroute Bonaventure plutôt qu’à la rue Bridge.

Des entrées de ville secondaires

  • De ne pas restreindre les entrées de ville aux ponts Victoria et Samuel-De Champlain et d’ajouter des entrées de ville secondaires.
  • Au schéma d’aménagement et de développement de l’agglomération de Montréal, les parcours d’entrée de ville présentent, pour leurs panoramas et leurs perspectives visuelles, un intérêt paysager qui contribue à l’image distinctive de Montréal. Le schéma reconnaît l’importance des parcours d’entrée de ville, de l’amélioration de la qualité visuelle du milieu urbain, de même que de la protection et de la mise en valeur des vues. La présence de constructions à fort impact visuel contribue également à enrichir l’expérience paysagère montréalaise.
  • Le Plan d’urbanisme reconnaît l’importance d’assurer un aménagement distinctif des entrées de ville : ponts routiers et ferroviaires, aéroport, gare et port. Ces passages obligés fournissent l’occasion d’affirmer la personnalité de Montréal par un traitement approprié des entrées de ville en les aménageant de manière distinctive :
    • qualité du traitement des bâtiments situés aux abords des entrées de ville et l’intégration des enseignes commerciales;
    • visibilité des panoramas à partir du tablier des ponts et l’intégration des panneaux-réclames dans le paysage urbain;
    • mise en valeur du couvert végétal et des berges;
    • mise en lumière des ouvrages d’art (ponts et autres structures);
    • intégration de la signalisation et des infrastructures routières au milieu urbain.

Propositions d’aménagement de la transformation de l’autoroute Bonaventure – 2019
Source: Les ponts Jacques Cartier et Champlain Incorporée 

Objectif 1 Balises d’aménagement
Créer des entrées de ville spectaculaires mettant en valeur leurs spécificités propres (voir carte des parcours d’entrée de ville et les illustrations des principales vues des parcours)
  • Balises d’aménagement communes à l’ensemble des parcours
    • En installant du mobilier urbain de grande qualité et distinctif prenant en compte la spécificité de chacun des parcours;
    • En encourageant le retrait des panneaux publicitaires en bordure des parcours, à l’exception de l’enseigne Farine Five Roses;
    • En s’assurant que les bâtiments, les enseignes commerciales, les toits et les cours visibles de chacun des parcours soient de qualité et adaptés à la richesse des lieux.
  • Parcours emblématique et fluvial de l’axe Bonaventure 
    • En transformant l’autoroute Bonaventure, entre les ponts de l’Île-des-Soeurs et Victoria, en un boulevard urbain bordé d’arbres et d’un couvert végétal stratifié à ses abords, offrant une fenêtre unique sur le fleuve et permettant l’aménagement d’un parc linéaire comprenant un circuit actif et récréatif;
    • En aménageant un parc à la sortie du pont de l’Île-des-Soeurs et un espace vert dans le Parc d’entreprises de la Pointe-Saint-Charles;
    • En transformant la section surélevée de l’autoroute, entre le pont Victoria et le canal de Lachine, suivant une vision d’aménagement permettant de modifier son caractère autoroutier;
    • En réaménageant et mettant en valeur l’accès à la Cité du Havre depuis le futur boulevard Bonaventure;
    • En mettant en valeur la succession des vues offertes par le parcours formant une séquence de paysages et d’éléments emblématiques, notamment : 
      • le fleuve Saint-Laurent; 
      • les ponts Victoria et Samuel-De Champlain; 
      • les bâtiments et les structures industrielles et portuaires d’intérêt;
      • l’enseigne Farine Five Roses;
      • le massif du centre des affaires;
      • le mont Royal.
    • En consolidant et resserrant le cadre bâti du Parc d’entreprises de la Pointe-Saint-Charles, tout en maintenant une implantation isolée et en verdissant les terrains afin d’offrir un meilleur encadrement du boulevard Bonaventure.
  • Parcours verdi, apaisé et structuré du pont Victoria et de la rue Bridge
    • En reconfigurant les rues Bridge et des Irlandais, afin de dévier la circulation de transit en provenance du pont Victoria vers le viaduc Bonaventure;
    • En déplaçant une partie de la rue Bridge, afin d’aménager un espace de commémoration, autour du Black Rock plus calme et respectueux de la mémoire du lieu, accessible à pied ou à vélo et planté d’arbres et de végétaux;
    • En aménageant l’espace de commémoration autour du Black Rock comme point significatif d’entrée de la ville et relié au quartier de Pointe-Saint-Charles;
    • En mettant en valeur le pont Victoria et ses approches par des aménagements cohérents avec l’espace de commémoration (aménagement paysager, signalisation, éclairage, etc.); 
    • En mettant en valeur le poste Viger d’Hydro-Québec par un aménagement paysager harmonieux avec sa composition architecturale et un éclairage architectural
    • En réaménageant la rue Bridge pour apaiser la circulation, verdir l’emprise et améliorer l’expérience des piétons et des cyclistes;
    • En incitant la restauration et la mise en valeur de l’ancien bâtiment du CN (316, rue Bridge);
    • En renouvelant les activités et en resserrant le cadre bâti, afin d’offrir à la rue Bridge un encadrement structuré et attrayant.
  • Parcours actif et panoramique de la Cité du Havre  
    • En réaménageant l’emprise du pont de la Concorde et l’avenue Pierre-Dupuy, afin d’offrir plus d’espace aux déplacements actifs et collectifs;
    • En transformant l’avenue Pierre-Dupuy en un véritable espace public intégré au parcours riverain, au parc de Dieppe et à l’Espace-Vestiges tout en y aménageant des points d’arrêt et d’observation sur le panorama urbain de Montréal et la géographie régionale
    • En mettant en valeur et préservant les vues sur les caractéristiques territoriales et paysagères d’intérêt du parcours :
      • le fleuve Saint-Laurent; 
      • le pont Jacques-Cartier; 
      • les bâtiments et les vestiges d’Expo 67;
      • les bâtiments et les structures industrielles et portuaires d’intérêt;
      • le Vieux-Port et le Vieux-Montréal;
      • le massif du centre des affaires.
    • En améliorant la sécurité du parcours pour les déplacements actifsentre la Cité du Havre et le canal de Lachine; en verdissant le corridor, en aménagement un espace public en dessous de la structure surélevée de l’autoroute Bonaventure et en créant des liens plus conviviaux entre les éléments d’intérêt patrimonial à mettre en valeur, notamment :
      • les silos d’ADM et de Canada Maltage;
      • la station de pompage Riverside.
  • En améliorant les points d’accès à pied ou à vélo au parc linéaire du canal de Lachine par la création de nouveaux axes à caractère public aménagés; 
  • En évaluant la possibilité de réhabiliter le pont tournant de Parcs Canada à des fins de déplacements actifs tout en le mettant en valeur;
  • En s’assurant que toute construction ou tout agrandissement d’un bâtiment s’implante de manière à offrir des accès à caractère public et des vues sur le parc linéaire du canal de Lachine;
  • En s’assurant que l’implantation des bâtiments maintienne le caractère public du parc linéaire du canal de Lachine, notamment avec une marge de recul par rapport à son emprise;
  • En privilégiant une occupation des rez-de-chaussée des bâtiments par des usages favorisant le libre accès depuis le parc linéaire du canal de Lachine (commerces, bureaux, activités communautaires);
  • En favorisant un aménagement des cours en continuité avec l’aménagement paysager du parc linéaire du canal de Lachine tout en distinguant le domaine public du domaine privé sans clôturer le terrain privé;
  • En rendant perceptible et compréhensible la nature et la localisation des canaux hydrauliques de la pointe du Moulin, du bassin Wellington et de l’ancien bassin Tate depuis le parc linéaire du canal de Lachine.
  • Parcours ferroviaires aériens et verdoyants
    • En favorisant l’aménagement de corridors verts aux abords des voies ferrées;
    • En identifiant et mettant en valeur la succession des vues offertes par le parcours formant une séquence de paysages et d’éléments emblématiques  :
      • le fleuve Saint-Laurent; 
      • les ponts Victoria et Samuel-De Champlain; 
      • les bâtiments et les structures industrielles et portuaires d’intérêt;
      • l’enseigne Farine Five Roses;
      • le massif du centre des affaires;
      • le canal de Lachine.
  • En mettant en valeur les caractéristiques territoriales et paysagères d’intérêt du parcours, notamment :
    • le pont tournant et la tour d’aiguillage; 
    • les bâtiments et les structures industrielles et portuaires d’intérêt;
    • les tours marines, les galeries aériennes et les convoyeurs;
    • les vestiges archéologiques;
    • les vues sur l’enseigne Farine Five Roses;
    • les vues sur le centre des affaires;
    • les vues sur le mont Royal.
Objectif 2 Balises d’aménagement
Préserver les panoramas et les vues d’intérêt sur les caractéristiques territoriales et paysagères d’intérêt tout au long des parcours (voir la carte des parcours d’entrée de ville et le  schéma des principaux marqueurs territoriaux et leur relation avec le profil général de la ville)
  • En établissant des vues d’intérêt à préserver sur les caractéristiques territoriales et paysagères d’intérêt tout au long des parcours, notamment;
    • les vues lointaines depuis le pont Victoria et le pont Samuel-De Champlain, où ses composantes bâties s’intègrent harmonieusement à l’avant-plan du profil de Montréal caractérisé par les massifs du centre des affaires et de la montagne;
    • les vues dynamiques depuis l’autoroute Bonaventure, qui présente une séquence visuelle rapide de différents éléments de la minoterie ADM permettant de percevoir le dynamisme angulaire des structures des convoyeurs et la verticalité massive des silos, avec leur étonnante et grandiose ouverture au niveau de la rue Mill;
    • les vues depuis le pont de la Concorde et la Cité du Havre, qui présentent un parcours où les composantes bâties de la pointe du Moulin s’inscrivent dans une linéarité massive en prolongement du faubourg des Récollets et du Vieux-Montréal;
  • En favorisant une modulation de la hauteur, de l’implantation et de la volumétrie des constructions de manière à préserver les vues d’intérêt;
  • En encadrant la hauteur et la volumétrie des constructions afin de maintenir de la dominance des marqueurs territoriaux dans le paysage (voir Schéma des principaux marqueurs territoriaux et leur relation avec le profil général de la ville) :
    • l’élévateur à grain #5 et ses silos, incluant leurs équipements mécaniques extérieurs;
    • les tours marines, les galeries aériennes et les convoyeurs;
    • le silo Rozon;
    • les bâtiments principaux et les silos des minoteries de ADM et de Canada Maltage;
    • le silo de P&H Milling Group (bassin Wellington);
    • l’enseigne Farine Five Roses;
    • le Nordelec;
    • le silo Allez-Up.
    • Habitat 67.
  • En préservant des percées visuelles à partir du boulevard Bonaventure sur le fleuve Saint-Laurent et le pont Victoria dans le cadre de l’aménagement du parcours riverain;
  • En prenant en compte les vues d’intérêt, vers et depuis le mont Royal, établies au Plan d’urbanisme de la Ville de Montréal, lors de la construction ou de l’agrandissement d’un bâtiment notamment par son implantation, sa volumétrie et sa hauteur, afin de les préserver;
  • En prenant en compte la perception du paysage urbain en fonction des divers modes de déplacement (à pied, vélo, auto, train, bateau).

Parcours d’entrée de ville


Principales vues du parcours du viaduc Bonaventure


Principales vues du parcours ferroviaire du REM


Principales vues du parcours de la rue Bridge

Schéma des principaux marqueurs territoriaux et leur relation avec le profil général de la ville

  • La transition écologique propose un nouveau modèle économique et social qui respecte les limites des écosystèmes et qui réduit les émissions de gaz à effet de serre (GES). Pour la Ville de Montréal, la transition écologique passe d’abord par l’adaptation aux changements climatiques; la transformation radicale de notre façon de produire et de consommer des biens ainsi que de l’énergie; la protection de la biodiversité et le renforcement de la résilience de nos écosystèmes, et de notre communauté. 
  • L’aménagement du territoire est un domaine incontournable pour apporter des réponses aux enjeux de la transition écologique par la baisse des émissions de GES et des consommations énergétiques, la préservation des ressources et de la biodiversité, la résilience face aux événements climatiques extrêmes et la protection sanitaire et écologique.
  • Afin accélérer cette transition écologique, la Ville de Montréal souhaite :
    • Réduire de 55 % les émissions de GES sous les niveaux de 1990 d’ici 2030 et devenir carboneutre d’ici 2050;
    • Enraciner la nature en ville en mettant la biodiversité, les espaces verts ainsi que la gestion et le développement du patrimoine naturel riverain et aquatique au cœur de la prise de décision;
    • Accroître et diversifier l’offre de transport en fournissant des options de mobilité durable (active, partagée, collective et sobre en carbone) intégrées, abordables et accessibles pour toutes et tous;
    • Développer une économie plus verte et inclusive en soutenant notamment l’économie circulaire et sociale, l’achat local et écoresponsable, et la création de nouveaux emplois écologiques de qualité;
    • Tendre vers un avenir zéro déchet, plus durable et propre pour les générations futures, notamment par la réduction à la source et la valorisation des matières résiduelles.
  • Collaborer avec PJCCI pour le réaménagement de l’autoroute Bonaventure et sa transformation en boulevard urbain.
  • Collaborer avec Parcs Canada pour la mise en œuvre de son Plan directeur du Lieu historique national du Canada du Canal-de-Lachine, notamment en améliorant les liens avec les quartiers avoisinants.
  • Réaménager le chemin des Moulins et les rues Bridge et des Irlandais, afin de dévier la circulation de transit provenant du pont Victoria vers l’axe Bonaventure, en collaboration avec PJCCI et le CN.
  • Utiliser et modifier, au besoin, les outils réglementaires à la disposition de la Ville et des arrondissements du Sud-Ouest et de Ville-Marie afin qu’ils :
    • préservent les valeurs patrimoniales de la Cité du Havre et de la pointe du Moulin identifiées dans les énoncés de l’intérêt patrimonial (PIIA);
    • protègent les vues d’intérêt sur la ville et les marqueurs territoriaux identitaires de Montréal (PIIA);
    • encadrent les constructions et les aménagements visibles depuis les parcours d’entrée de ville (PIIA).
  • Produire des lignes directrices d’aménagement du domaine public en fonction de sous-secteurs, incluant notamment un inventaire faunique et floristique, un plan de plantation et de verdissementainsi qu’une stratégie de gestion durable des eaux pluviales.
  • Produire une étude de caractérisation morphologique et paysagère des vues, par sous-secteur, sur les caractéristiques territoriales et paysagères d’intérêt, afin d’identifier les vues d’intérêts à préserver.
  • Produire un guide d’encadrement du domaine privé en fonction de sous-secteurs.
  • La préservation de la visibilité et de la dominance des marqueurs territoriaux dans le paysage des parcours d’entrée de ville.
  • La préservation des vues significatives sur les caractéristiques territoriales et paysagères d’intérêt (fleuve Saint-Laurent, canal de Lachine, massif du centre des affaires et le mont Royal).
  • La préservation, la restauration ou la réhabilitation des bâtiments et des structures industriels d’intérêt qui sont des marqueurs territoriaux (silos no 5, minoterie ADM et de Canada Maltage).
  • Le financement des interventions sur le domaine public.

Deuxième partie
Les composantes patrimoniales et paysagères

La commission recommande :

  • D’inclure, à la vision d’avenir, une définition élargie de l’identité du lieu qui renvoie à la fois aux éléments matériels et immatériels qui caractérisent le secteur;

Des sites historiques et patrimoniaux de grande valeur 

  • Que la Ville subordonne tout projet de planification et de développement futur dans le secteur Bridge-Bonaventure à la mise en valeur des sites patrimoniaux qui s’y trouvent.
  • De créer un parcours patrimonial relié au réseau de transports actifs et à la nouvelle trame verte et bleue.

Trois sites patrimoniaux exceptionnels 

  • D’examiner l’hypothèse de déplacer la rue Bridge pour l’éloigner du lieu de sépulture des Irlandais et pour y créer un parc commémoratif calme et respectueux de la mémoire du lieu.
  • Le classement au sens de la Loi sur les biens culturels pour l’ensemble du site-machine moderniste formé par le Silo no 5, la minoterie ADM et le complexe Canada Maltage incorporant les convoyeurs aériens, et que toute nouvelle construction sur ces lieux soit subordonnée dans le paysage à ces éléments repères.
  • Qu’une reconnaissance patrimoniale soit accordée aux témoins architecturaux, artistiques et paysagers de l’Expo 67 sur la Cité du Havre, en agrandissant les limites du site patrimonial de l’île Sainte-Hélène.
  • L’adoption d’une politique facilitant les occupations transitoires rapides des bâtiments patrimoniaux abandonnés, en attendant une solution d’occupation permanente.

Des vues paysagères uniques à Montréal 

  • De créer un plan d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA) pour le secteur Bridge-Bonaventure afin de contrôler et protéger les vues paysagères, les percées visuelles et l’esthétique des constructions.

Qu’est-ce que l’esprit d’un lieu ?

La définition du concept articulé par Annette Viel, citée par la conférencière Johanne Burgess lors du colloque du 5 septembre 2019 : « Les lieux sont marqués par le temps qui les a façonnés. Un temps significatif où émerge une force souvent impalpable. L’esprit des lieux, c’est en quelque sorte cette aura qui transcende les champs d’intervention créant un fil conducteur qui traduit ces lieux et permet d’en saisir et d’en interpréter l’essence ».

Qu’est-ce que le patrimoine immatériel ?

  • Telle que définie par l’UNESCO, la valeur culturelle ne se limite pas aux bâtiments ou aux artefacts, mais permet d’inclure dans la reconnaissance de la transmission de savoir-faire ou de connaissances nécessaires à l’artisanat traditionnel. Elle contribue à la cohésion sociale, stimulant un sentiment d’identité et de responsabilité qui aide les individus à se sentir partie d’une ou de plusieurs communautés et de la société au sens large.
  • L’importance du patrimoine culturel immatériel ne réside pas tant dans la manifestation culturelle elle-même que dans la richesse des connaissances et du savoir-faire qu’il transmet d’une génération à une autre. Cette transmission du savoir a une valeur sociale et économique pertinente pour les groupes minoritaires comme pour les groupes sociaux majoritaires à l’intérieur d’un État, et est tout aussi importante pour les pays en développement que pour les pays développés.
  • La consultation publique de l’OCPM  a déjà permis d’identifier certaines composantes du patrimoine immatériel du secteur Bridge-Bonaventure, en particulier le savoir-faire artisanal. Présent actuellement dans les Forges de Montréal, Espace Verre ou la Distillerie du Vieux-Montréal (Sazerac), il n’est pas constitué uniquement de lieux de production, mais aussi de transmission du savoir et de la dimension culturelle du savoir-faire.
  • Le patrimoine immatériel est aussi lisible dans la réalisation d’ouvrages d’art tels que le pont Victoria, la réalisation du canal de Lachine, la jetée de la pointe du Moulin et ses turbines.
  • Les activités de concertation sont une occasion de définir plus précisément les composantes du patrimoine immatériel ou culturel de Bridge-Bonaventure et les modalités de sa préservation. La mise en œuvre des pratiques d’usage transitoire permet d’envisager le patrimoine immatériel comme un processus en continu.
Objectifs Balises d’aménagement
Objectif 1
Reconnaître l’esprit du lieu
  • En reconnaissant que l’esprit du lieu s’appuie sur :
    • l’importance de l’eau (navigation, énergie);
    • sa localisation géographique comme porte d’entrée et l’importance de la logistique de transport (rapides de Lachine, canal de Lachine, premier pont, port, voie ferrée);
    • l’industrie alimentaire (chasse, fermes, minoteries, transport d’animaux, brasserie);
    • l’innovation et le savoir-faire (transport, énergie, silos, remblais, Expo 67, artisanat).
  • En prenant en compte l’esprit du lieu dans le cadre de projet de construction ou l’aménagement d’un espace extérieur.
Objectif 2
Maintenir les éléments caractéristiques des valeurs patrimoniales du secteur
(voir carte des composantes patrimoniales d’intérêt. Point 4 de la partie 2)
  • En documentant le secteur, ses bâtiments, ses systèmes et ses composantes par des recherches historiques, archéologiques et ethnologiques pour utiliser ces connaissances dans la conception des nouveaux aménagements, restaurations, réhabilitations et programmes d’interprétation.
  • En préservant, réhabilitant, ou restaurant, selon leur intérêt, les bâtiments d’intérêt patrimonial, les bâtiments classés ou reconnus (provincial ou fédéral), les ensembles industriels d’intérêts ainsi que les monuments, les ouvrages d’art et les œuvres d’art d’intérêt patrimonial identifiés à la carte des composantes patrimoniales d’intérêt;
  • En préservant, réhabilitant ou restaurant, selon leur intérêt, les éléments fonctionnels extérieurs et intérieurs nécessaires à l’interprétation in situ de l’intégralité de la chaîne opérationnelle du « site-machine », notamment les quais, rails, tours marines, galerie aériennes et convoyeurs, appareils de levée et de pesée, système hydraulique, silos de divers types et la sous-station électrique;
  • En explorant la possibilité de conserver certains éléments fonctionnels pour leur esthétique industrielle et les intégrer à une démarche artistique qui mise sur la singularité du lieu, les parcours et les ambiances qu’ils offrent;
  • En adoptant un principe de précaution quant aux vestiges et traces archéologiques qui favorisent la préservation de  leur intégrité et ce, en complétant leur documentation et en élaborant un plan de conservation du patrimoine archéologique, notamment pour : 
    • les bassins Wellington et Tate (cales sèches) et des systèmes hydrauliques du « site-machine »;
    • les traces de la présence des Premiers peuples;
    • les fermes Saint-Gabriel et des soeurs Grises; 
    • les moulins à vent;
    • le cimetière des Irlandais;
    • Victoriatown.
  • En préservant la prédominance dans le paysage des marqueurs territoriaux suivants (voir carte de schéma des principaux marqueurs territoriaux et leur relation avec le profil général de la ville. Point 6 de la partie 1 ) :
    • l’élévateur à grain no 5 et ses silos, incluant leurs équipements mécaniques extérieurs;
    • les tours marines, les galeries aériennes et les convoyeurs;
    • le silo Rozon;
    • les bâtiments principaux et les silos des minoteries de ADM et de Canada Maltage;
    • le silo de P&H Milling Group (bassin Wellington);
    • l’enseigne Farine Five Roses;
    • le Nordelec;
    • le silo Allez-Up;
    • Habitat 67.
  • En mettant en valeur le portail formé par les silos d’ADM de part et d’autre de la rue Mill et leurs formes verticales et massives; 
  • En conservant la volumétrie horizontale du silo no 5, sa verticalité et la dominance de sa tour;
  • En préservant la relation visuelle entre le silo no 5, le Vieux-Port, le faubourg des Récollets, le fleuve et la canal de Lachine;
  • En maintenant l’importance du couvert végétal de la Cité du Havre, des accès au fleuve et du corridor vert d’accès public continu le long de sa rive, et la perception d’être sur une presqu’île entourée d’eau;
  • En conservant l’implantation pavillonnaire en diagonale des bâtiments et l’alignement des voies piétonnes d’Expo 67;
  • En préservant la forme de digue brise-glace de la Cité du Havre;
  • En préservant le bassin Wellington et sa relation étroite avec le canal de Lachine;
  • En préservant le monument du Black Rock sur son emplacement actuel, comme marqueur des 6 000 sépultures des morts du typhus et créant un espace de commémoration tout autour;
  • Conserver les tracés anciens et rappeler leur rôle dans la structuration du territoire, notamment : 
    • la rue Wellington comme tracé fondateur;
    • la rue de la Ferme comme tracé historique;
    • la rue Riverside comme ancien chemin riverain.
  • En maintenant des fonctions agro-alimentaires et portuaires, de même que des fonctions associées au savoir-faire artisanal dans le secteur.
Objectif 3
Encadrer les constructions et les aménagements en s’appuyant sur les valeurs patrimoniales du secteur
  • En privilégiant l’occupation des bâtiments d’intérêt en requalification par des fonctions compatibles, de manière à les conserver et les mettre en valeur et en privilégiant des usages en continuité avec l’histoire et l’écosystème social des lieux;
  • En assurant une mise en valeur du paysage par une forme urbaine compatible et adaptée au milieu, misant sur ses caractéristiques morphologiques et ses valeurs patrimoniales;
    • Élaborer des critères d’implantation et d’intégration architecturale spécifiques et adaptés au contexte de chacun des sous-secteurs (voir carte des sous-secteurs. Point 9 de la partie 2) ;
  • Intégrer les bâtiments d’intérêt patrimonial, les bâtiments classés ou reconnus (provincial et fédéral) ainsi que les ensembles industriels d’intérêt identifiés à la carte des composantes patrimoniales d’intérêt à la vision d’avenir du secteur, au moyen de projets de restauration, de réhabilitation, de modifications ou d’ajouts compatibles avec leur forme et leurs valeurs patrimoniales;
  • Identifier des vues d’intérêt à préserver par sous-secteur sur les caractéristiques territoriales et paysagères d’intérêt ;
  • Moduler les hauteurs, l’implantation et la volumétrie des constructions de manière à préserver les vues d’intérêt identifiées et de maintenir la dominance des marqueurs territoriaux dans le paysage;
  • Limiter le taux d’implantation des constructions situées en bordure du canal de Lachine et du fleuve Saint-Laurent, afin de maximiser les accès publics et les vues sur ces derniers; 
  • S’appuyer sur les éléments caractéristiques des valeurs patrimoniales du secteur pour concevoir tout projet de construction ou d’aménagement des espaces extérieurs;
  • Consolider les caractéristiques morphologiques (hauteur, implantation, volumétrie, matérialité) significatives de chaque sous-secteur tout en permettant les interventions contemporaines s’appuyant sur ces caractéristiques.
  • En révélant les traces archéologiques et l’histoire du lieu :
    • Aménager des espaces publics aux emplacements des bassins Wellington et Tates en mettant en valeur certains vestiges et leur liens avec le canal de Lachine en tenant compte du plan de conservation du patrimoine archéologique;
    • Dévoiler et mettre en valeur les systèmes hydrauliques du « site-machine » et leur relations avec le canal de Lachine en intégrant ces composantes de façon respectueuse de leur valeur patrimoniale;
    • Mettre en valeur les vestiges d’Expo 67 grâce à l’aménagement, notamment celui d’un espace vert public;
    • Aménager un espace de commémoration autour du monument du Black Rock marquant le cimetière des 6 000 victimes du typhus;
    • Documenter et mettre en valeur les traces et les vestiges archéologiques qui ont façonné le paysage et qui témoignent de la présence des Premiers peuples, des grandes exploitations agricoles et de Victoriatown.
Objectif 4
Assurer l’accessibilité publique aux richesses patrimoniales et paysagères
  • En garantissant l’accès public aux berges du fleuve Saint-Laurent et au canal de Lachine et leur intégration à un parcours pour les déplacements actifs et récréatifs;
  • En localisant les espaces publics de manière à mettre en valeur les berges, les vues d’intérêt et les éléments du patrimoine – bâti, archéologique, paysager ou immatériel;
  • En développant des parcours patrimoniaux attrayants pour les déplacements actifs et en mettant en valeur les milieux naturels et les éléments du paysage et du patrimoine bâti, archéologique et immatériel, soutenu par la Trame verte et bleue (voir carte des parcours patrimoniaux proposés. Point 8 de la partie 2);
  • En exigeant une marge à caractère public entre un bâtiment et l’emprise du parc linéaire du canal de Lachine de Parcs Canada (voir les coupes illustrant l’interface proposée avec le canal de Lachine);
  • En privilégiant des usages à caractère public de façon à permettre l’intégration et la mise en valeur des éléments les plus significatifs du patrimoine archéologique, notamment pour le  « site-machine »;  
  • En privilégiant des usages à caractère public au rez-de-chaussée des bâtiments faisant face au parc linéaire du canal de Lachine de Parcs Canada;
  • En privilégiant des usages à caractère public et de destination pour la réhabilitation du silo no 5;
  • En explorant la possibilité de réhabiliter les galeries, les convoyeurs aériens et tours marines en un parcours patrimonial public d’accès contrôlé sur la pointe du Moulin.

Composantes patrimoniales d’intérêt

Le « site-machine » correspond au territoire de la pointe du Moulin. Dans la partie est, le « site-machine » est constitué de l’élévateur à grains no 5 (silo no 5) complété par un ensemble d’équipements, notamment un réseau de convoyeurs aériens et de galeries, par des tours marines mobiles donnant un accès direct au fleuve ainsi que par des voies de chemin de fer, dont une, aujourd’hui désaffectée, pénétrait à l’intérieur des silos. Dans la partie à l’ouest, ce sont les canalisations d’alimentation munies de turbines, toujours en place, sur lesquelles les industries étaient construites de façon à utiliser l’énergie hydraulique, combinées à l’accès au canal, au bassin, au fleuve et aux voies ferrées, qui constituent un autre aspect du « site-machine ».

Hypothèse d’aménagement indiquant la hauteur des bâtiments d’intérêt patrimonial


Relevé des hauteurs des bâtiments du « site-machine »

Coupe AA : Coupe illustrant l’interface avec le canal de Lachine


Coupe BB :  Coupe illustrant l’interface avec le canal de Lachine


Plan-clé des coupes

Vue 1 : Perception simultanée du silo no 5, de l’enseigne Farine Five Roses et des silos d’ADM (depuis le Quai Alexandra). Cohérence de l’échelle du « site-machine » et de l’échelle du faubourg des Récollets et du Vieux-Montréal
Horizontalité caractéristique du « site-machine »


Vue 2 : Perception simultanée du silo no 5 et de l’enseigne Farine Five Roses et des silos d’ADM (depuis le bassin Wellington)


Vue 3 : Profil caractéristique du Centre des affaires vu depuis le toit du silo no 5


Plan-clé des vues

Parcours patrimoniaux proposés

Les sous-secteurs de Bridge-Bonaventure (découpage à titre indicatif)

  • La transition écologique propose un nouveau modèle économique et social qui respecte les limites des écosystèmes et qui réduit les émissions de gaz à effet de serre (GES). Pour la Ville de Montréal, la transition écologique passe d’abord par l’adaptation aux changements climatiques et la transformation radicale de notre façon de produire et de consommer des biens ainsi que de l’énergie, la protection de la biodiversité, et le renforcement de la résilience de nos écosystèmes et de notre communauté. 
  • L’aménagement du territoire est un domaine incontournable pour apporter des réponses aux enjeux de la transition écologique par la baisse des émissions de GES et des consommations énergétiques, la préservation des ressources et de la biodiversité, la résilience face aux événements climatiques extrêmes, et la protection sanitaire et écologique.
  • Afin accélérer cette transition écologique, la Ville de Montréal souhaite :
    • Réduire de 55 % les émissions de GES sous les niveaux de 1990 d’ici 2030 et devenir carboneutre d’ici 2050;
    • Enraciner la nature en ville, en mettant la biodiversité, les espaces verts ainsi que la gestion et le développement du patrimoine naturel riverain et aquatique au cœur de la prise de décision;
    • Accroître et diversifier l’offre de transport en fournissant des options de mobilité durable (active, partagée, collective et sobre en carbone) intégrées, abordables et accessibles pour toutes et tous;
    • Développer une économie plus verte et inclusive en soutenant notamment l’économie circulaire et sociale, l’achat local et écoresponsable, et la création de nouveaux emplois écologiques de qualité;
    • Tendre vers un avenir zéro déchet, plus durable et propre pour les générations futures, notamment par la réduction à la source et la valorisation des matières résiduelles.
  • Aménager un espace de commémoration autour du Black Rock , en collaboration avec Hydro-Québec et la communauté irlandaise.
  • Utiliser et modifier, au besoin, les outils réglementaires à la disposition de la Ville et des arrondissements du Sud-Ouest et de Ville-Marie afin qu’ils :
    • préservent les valeurs patrimoniales de la Cité du Havre et de la pointe du Moulin identifiées dans leur énoncés (PIIA);
    • protègent les vues d’intérêt sur la ville et les marqueurs territoriaux identitaires de Montréal (PIIA);
    • encadrent les constructions et les aménagements, afin de protéger et mettre en valeur les bâtiments, les monuments, les œuvres d’arts d’intérêt (PIIA).
  • Inciter les propriétaires à restaurer et à entretenir leurs bâtiments, monuments, œuvres d’arts d’intérêt.
  • Produire un guide d’encadrement du domaine privé en fonction des sous-secteurs, notamment :
    • identifier les vues d’intérêt à préserver;
    • encadrer la hauteur, la volumétrie et l’implantation des bâtiments, afin de maintenir la prédominance des marqueurs territoriaux et les vues d’intérêts et de préserver les caractéristiques paysagères et naturelles.
  • Soutenir les projets d’urbanisme transitoire.
  • Mettre en place des parcours patrimoniaux avec les citoyens et les partenaires.
  • Évaluer l’opportunité de soumettre une demande de classement auprès du ministère de la Culture et des communications, au sens de la Loi sur les biens culturels pour l’ensemble du « site-machine ».
  • La perpétuation de l’esprit du lieu dans le cadre du redéveloppement du secteur.
  • L’accessibilité publique aux richesses patrimoniales et paysagères du secteur.
  • La pérennité des bâtiments et ouvrages de génie civil d’intérêt patrimonial et le respect de leurs caractéristiques lors de leur réhabilitation, le cas échéant.
  • La prise en compte des potentiels archéologiques ainsi que de l’histoire du site lors de la conception d’un projet de construction ou d’aménagement.
  • Le maintien des infrastructures industrielles d’intérêt (silos, convoyeurs, bâtiments) et les défis particuliers de conception architecturale et de financement imposés par leur recyclage le cas échéant.
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