Charette

La charrette est une démarche de longue haleine conçue pour permettre aux personnes issues de divers groupes de la société
 d’arriver à un consensus dans un court laps de temps (de 4 à 14 jours). Lors de la première phase, on pose la question principale et on la divise en plusieurs composantes auxquelles sont affectés des sous-groupes d’individus. Ces sous-groupes soumettent périodiquement des rapports à l’ensemble du groupe, et ce dernier produit un feed-back qui sera débattu en sous-groupes lors des prochaines discussions. La séquence est répétée jusqu’à l’obtention d’un consensus à la date finale fixée pour rédiger le rapport.

Quand utiliser cette méthode?

  • Lorsqu’il est temps d’amorcer un processus de développement, de conception, de planification et de nouveaux projets impliquant la communauté locale.
  • Lorsque l’on souhaite faciliter les décisions touchant des questions plutôt complexes mais dont le processus est déjà amorcé.
  • Lorsque l’on veut identifier les sources de financement potentielles pour des projets.

Qui participe?

Le groupe peut comprendre entre 50 et 1000 personnes, le plus souvent issues de différents groupes ethniques afin de créer un ensemble hétérogène.

Temps requis

Variable: de 4 à 14 jours.

Les étapes

Étapes préparatoires

  • On instaure un comité directeur, chargé de l’orientation principale de la Charrette.

Étapes de la méthode

  • On rassemble un groupe de participants hétérogène.
  • On subdivise le sujet principal en plusieurs éléments auxquels les sous-groupes sont invités à réfléchir.
  • Les sous-groupes partagent périodiquement les conclusions de leurs discussions, et celles-ci sont de nouveau débattues parmi les autres groupes.
  • Ce procédé se répète jusqu’à l’obtention d’un accord commun qui tienne compte du «feed-back» des différents sous-groupes.

Suivi

  • Préparation d’un document présentant les points forts, les défis, les projets spécifiques, etc.
  • Mise en œuvre des projets.

Forces

  • Favorise la contribution d’un large bassin de participants, encourage la participation citoyenne et permet d’avoir un portrait plus réaliste de l’opinion citoyenne.
  • Permet de recueillir des idées et des points de vue pratiques au début d’un processus de planification et, éventuellement, de mettre fin à certaines impasses.

Faiblesses

  • Les citoyens peuvent être écartés du débat au profit de la parole des experts.
  • Il peut être difficile de recruter le nombre nécessaire de participants pour la constitution du groupe.

Variantes

La durée du projet, le nombre de participants et le sujet débattu peuvent être des facteurs instables.

Degré de participation des citoyens

Niveau 3 – délibérer et proposer (discuter avec les autres et élaborer des propositions).

Expérience 1

Lieu: La charrette a eu lieu à Montréal, mais elle portait sur le Nord-du-Québec.

Date: novembre 2008

Promoteur/organisateur
Le Centre canadien d’architecture (CCA), en collaboration avec l’École de design de l’Université du Québec à Montréal.

Objectif de la méthode employée
Identifier des solutions et initiatives dans le domaine de l’urbanisme, de l’architecture et du design industriel afin de répondre au problème de crises récurrentes de logement dans le Nord-du-Québec.

Finalité recherchée
Les participants sont encouragés à établir une approche conceptuelle fondée sur leurs capacités et la compréhension qu’ils auront de la situation, du site et de son potentiel. Exemples concrets:

  • Imaginer une habitation unifamiliale adaptée à l’Inuit d’Inukjuak. Proposer une solution à court terme pour loger les 80 jeunes Inuits actuellement inscrits sur des listes d’attente pour l’obtention d’un logement à Inukjuak. Créer du matériel publicitaire pour sensibiliser la population à la crise du logement dans le Nord.
  • Imaginer un système de construction de maisons préfabriquées qui fait appel à une petite usine située quelque part à Inukjuak.

Acteurs mobilisés
Les étudiants universitaires et les jeunes designers récemment diplômés qui participent à des stages au sein d’associations professionnelles québécoises.

Conditions ou contraintes de réalisation
L’architecture contemporaine qui fait aujourd’hui office d’habitat aux Inuits est énormément influencée par l’architecture, le climat et la culture du Sud. Il y avait donc un défi de taille: allier la culture matérielle des Inuits à l’architecture moderne proposée afin de combattre la crise du logement.

Enjeux
Le Nunavik est aux prises avec une crise du logement récurrente et généralisée. Une explosion de logements inadéquats et insuffisants, jumelée à un débordement démographique, a engendré une situation de santé publique inquiétante qui se manifeste par un grave surpeuplement, une hygiène et une ventilation boiteuses, une propagation des maladies infectieuses, des tensions psychosociales et de la violence.

Processus de participation

  • Inscription en ligne des équipes (de trois à cinq membres par équipe).
  • Présentation d’une maquette de projet.
  • Les étudiants ont dû se renseigner sur les ateliers disponibles lors de la charrette et réserver leur place.
  • Présentation des projets.
  • Le jury s’est rencontré afin d’évaluer les projets.
  • Exposition des maquettes et remise de prix aux meilleures solutions apportées.

Résultats
Bien que tous les projets présentés représentent des pistes de solutions envisageables, six propositions relevant de deux grandes catégories («Action» et «Agitation») ont été retenues. Trois projets d’habitation ont attiré l’attention du jury: un à vocation énergétique, un à vocation environnementale, et un autre à vocation un peu plus utilitaire, voire «industrielle». Ces différentes maquettes sont étudiées afin de valider la faisabilité des projets. De plus, trois autres projets de nature un peu plus «publicitaire» ont été retenus afin d’envisager la «promotion» des projets, ainsi que la sensibilisation sociale face à l’enjeu.

Évaluation

  • Les participants de la charrette ont été fortement stimulés, et les échanges leur ont permis de présenter des projets à la fois réalistes et originaux.
  • Les participants se sont grandement impliqués malgré le travail de recherche colossal que nécessitait le projet.
  • Les projets suggérés ont permis de repérer diverses solutions intéressantes au problème soulevé.
  • La charrette a permis de recueillir l’opinion de divers groupes sociaux, et les projets présentés faisaient preuve d’une grande diversité.
  • Le succès de la charrette a été si grand que trois autres charrettes universitaires lui ont succédé, dans le but de contrer d’autres problématiques.

Expérience 2

Ville liquide

Lieu: Montréal

Date: novembre 2011

Promoteur/organisateur
Université de Montréal, Université McGill, Université du Québec à Montréal, Université Laval, Carleton University, Ryerson University, University of Toronto et le Centre canadien d’architecture.

Objectif de la méthode employée
Les étudiants et les récents diplômés sont invités à participer au projet «Ville liquide» afin de proposer de nouvelles interventions ponctuelles et des gestes publics à diverses échelles dans les domaines du paysage, de l’urbanisme, de l’architecture et du design industriel. Tous les projets doivent se faire sur le thème de l’eau.

Finalité recherchée
La conception de nouveaux projets créatifs et fonctionnels sur la valorisation de l’eau dans l’espace urbain.

Acteurs mobilisés
Les étudiants et les nouveaux diplômés en architecture et en design des universités participantes.

Conditions ou contraintes de réalisation
En équipes, les participants élaborent un projet sur le thème de l’eau qui puisse se réaliser dans un espace urbain. Les projets doivent démontrer les qualités de l’urbaniste, de l’architecte paysagiste, de l’architecte et du designer industriel.

Enjeux
L’état des infrastructures d’approvisionnement et de traitement des eaux est un sujet préoccupant. Le système d’égouts composé d’un système combiné d’égouts sanitaires et de récupération des eaux de pluie, typique des villes nord-américaines plus âgées, est vieillissant et incapable d’accueillir l’augmentation des précipitations résultant du changement climatique. Partout dans le monde, les villes côtières sont confrontées aux conséquences de la hausse du niveau de la mer, particulièrement lors du réaménagement d’anciens ports industriels. Les défis techniques, logistiques et économiques pour la création d’une infrastructure capable de supporter ces changements dramatiques ont donné naissance à de nouvelles façons de penser les infrastructures – sous forme de paysage, d’aménagement public et en réseau.

Processus de participation
Les candidats désirant participer doivent d’abord former des équipes de trois à cinq personnes comprenant des diplômés de plusieurs secteurs de l’architecture et du design. Ils doivent ensuite soumettre leur projet sur le site internet de «Ville liquide». Deux projets vont gagner – un le prix du public, et l’autre celui du jury.

Résultats
Deux équipes ont remporté le concours. Les gagnants ont reçu des livres du Centre canadien d’architecture, ainsi qu’une souscription au réseau international des amis du CCA. Notre source ne dit pas si les projets seront réalisés.

Évaluation
Quatre membres du jury, ainsi que le public qui était appelé à voter en ligne, ont sélectionné les gagnants. Les membres du jury sont quatre architectes et architectes paysagistes qui proviennent des bureaux Plania, Brown & Storey, Julien De Smedt Architect et Catalyse Urbaine.

Différences notables entre les deux expériences

  • Les deux expériences ne portaient pas sur le même sujet, ni la même problématique.
  • Plus de promoteurs ont participé au projet «Ville liquide».

Centre canadien d’architecure et al., «La crise du logement dans le Grand Nord», 14e Charrette interuniversitaire, 2008. En ligne.
Centre canadien d’architecture et al., «Ville liquide», 17e Charrette interuniversitaire, 2011. En ligne.