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Démocratie en danger: les jeunes Québécois s’excluent eux-mêmes du processus électoral

L’INM s’associe au Directeur général des élections et propose des stratégies pour contrer cette tendance

MONTRÉAL, le 7 août 2012 – L’abstentionnisme électoral des jeunes a atteint des niveaux dramatiques : moins de la moitié des jeunes n’ont pas voté aux dernières élections. Pire, chez les 18-24 ans, à peine plus du tiers a exercé son droit de vote aux élections de 2008. Les jeunes s’excluent eux-mêmes du processus électoral.

C’est ce que révèle une recherche exploratoire réalisée par l’Institut du Nouveau Monde (INM) pour le Directeur général des élections du Québec (DGEQ) publiée ce matin sur son site Web inm.qc.ca/2millionsX. En ce début de campagne électorale, le vote des jeunes devient donc en soi un enjeu important à court et moyen terme.

Pour renverser la tendance à la baisse de la participation électorale des jeunes, l’INM a formulé des propositions s’appliquant à moyen terme. L’INM invite cependant les jeunes dès à présent à s’intéresser à la campagne électorale en cours et met en œuvre, avec l’appui du DGEQ, trois actions susceptibles d’accroître le vote de ces générations :

1. L’INM invite les jeunes à s’inscrire à la neuvième édition de son école d’été, une école de citoyenneté aux airs de festival, qui permettra aux participants de s’informer et débattre sur les principaux enjeux de la campagne mais aussi de rencontrer les chefs et les représentants des principaux partis politiques en lice aux élections du 4 septembre.

2. L’INM veillera à organiser une vingtaine de débats électoraux dans autant d’établissement d’éducation postsecondaires à travers le Québec d’ici la fin de la campagne.

3. Enfin, l’INM lance aujourd’hui une campagne Web constituée de capsules vidéo auxquelles ont participé une dizaine de personnalités appréciées des jeunes dont Joannie Rochette, André Sauvé, Eddy King, Caroline Dhavernas et Didier Lucien.

Selon la recherche réalisée par l’INM, la diminution de la participation électorale chez les plus jeunes cohortes d’électeurs est une tendance lourde et profonde et tout semble indiquer que celle-ci s’accentuera au cours des prochaines années si aucune réforme institutionnelle, politique publique ou mesure n’est mise de l’avant. L’INM juge en effet la tendance inquiétante non seulement pour le présent, mais également pour l’avenir, car si les jeunes votent davantage à mesure qu’ils vieillissent, ils sont si peu nombreux à le faire au départ qu’on doit s’attendre à ce que le taux de participation général diminue.

« La participation électorale n’est pas la seule qui compte en démocratie, évidemment, mais elle demeure déterminante, explique le directeur de l’INM, Michel Venne. Un taux de participation général en constante diminution est une menace pour toute société démocratique car cela sape ses fondements, sa source de légitimité. Nous savons que le problème appelle aussi des solutions à plus long terme qui touchent entre autre l’éducation à la citoyenneté. Ce devra devenir une des priorités de la société québécoise. »

S’appuyant sur les résultats de sa recherche, l’INM a élaboré des stratégies pour renverser la tendance à l’abstentionnisme chez les jeunes. Les moyens mis de l’avant ont été validés auprès d’un échantillon de jeunes ayant participé aux écoles d’été de l’INM au cours des années précédentes.

Pour faire augmenter le vote des jeunes

L’étude de l’INM dégage cinq types de stratégies pour faire augmenter le vote des jeunes.

Par ordre d’importance :

1. L’éducation à la citoyenneté à l’école et au-delà

2. La promotion de l’engagement civique

3. Des réformes institutionnelles : mode de scrutin, vote sur les campus

4. Le recours aux médias sociaux

5. Des recherches pour mieux cerner le phénomène

L’INM suggère également que l’on devrait tenir un vaste débat public sur l’idée de rendre le vote obligatoire, comme cela existe dans plusieurs pays.

La littérature et les 209 jeunes sondés sont unanimes : pour augmenter la participation électorale des jeunes, il faut faire de l’éducation à la citoyenneté au secondaire et au cégep une priorité. Dit autrement, il faut développer les compétences civiques des jeunes sur le point d’acquérir le droit de vote ou de voter pour la première fois en démystifiant les systèmes politique et électoral, en leur démontrant l’incidence de la politique dans leur quotidien, en présentant et en débattant des programmes électoraux en présence des candidats et, plus largement en développant leur esprit critique.

Plus largement, les études démontrent qu’il y a une forte corrélation entre participation électorale et engagement civique qu’il soit traditionnel (parti politique, association, etc.) ou non traditionnel (manifestations artistiques, médias sociaux, etc.). Ainsi, plus on participe civiquement, plus on est susceptible de voter. C’est pourquoi il importe dans un deuxième temps de promouvoir et de valoriser l’engagement civique.

La troisième stratégie pour augmenter le vote des jeunes consiste à évaluer l’idée de réformer nos institutions en introduisant des éléments de proportionnalité dans le mode de scrutin, ce qui permettrait de prendre en compte la diversité d’opinions et d’accorder un poids au vote exprimé en faveur de tiers partis, et à permettre aux étudiants de voter au sein de leur établissement d’enseignement.

Par ailleurs, puisque la socialisation politique des jeunes passe de plus en plus par les médias sociaux – 74% des 18-35 ans naviguent sur le Web au moins une fois par jour et les sites Web ou blogues viennent avant les bulletins de nouvelles télévisés et les journaux papier comme source d’information consultée en période électorale – il importe plus que jamais d’y avoir recours pour les informer et les sensibiliser à l’importance de voter.

Enfin, il est impératif d’approfondir notre compréhension de la participation et de la non-participation des jeunes aux élections en menant une enquête nationale d’envergure et des études à la fois qualitatives et quantitatives à chaque scrutin.

À très court terme, dans le cadre de la présente campagne électorale, l’INM, en collaboration avec le DGEQ, mettra en œuvre trois mesures concrètes pour favoriser le vote des jeunes, chacune relevant de l’une ou l’autre des stratégies.

Campagne Web et débats électoraux en association avec le Directeur général des élections

Parmi l’ensemble des mesures proposées dans cette stratégie, le DGEQ a décidé de s’associer à deux d’entre-elles dans le cadre de la présente campagne électorale. D’abord, une campagne Web au moyen de capsules vidéos mettant en vedette dix personnalités particulièrement appréciées des jeunes, soit Joannie Rochette, André Sauvé, Réal Béland, Rémi-Pierre Paquin, Caroline Dhavernas, Didier Lucien, Rebecca Makonnen, David Giguère, Mylène Saint-Sauveur et Eddy King, sous le thème On est 2 millions, faut voter! La diffusion de ces vidéos sera soutenue par des activités dans les médias sociaux et les jeunes pourront afficher leur adhésion à la campagne et la propulser, notamment en adoptant le X comme image (avatar) sur leurs profils Facebook, Twitter et autres réseaux sociaux.

Par ailleurs, pour stimuler particulièrement et directement l’intérêt des premiers votants pour cette campagne électorale et leur permettre d’échanger avec les candidats locaux dans leur milieu, l’INM, en association avec le DGEQ et les Forums jeunesse régionaux du Québec, organisera d’ici le 4 septembre une vingtaine de débats électoraux dans des établissements d’enseignement postsecondaire, et ce, dans le plus grand nombre possible de régions.

École d’été de l’INM – Faire le point avant le scrutin et écouter ce que les jeunes ont à dire

Dans la même perspective, l’École d’été de l’INM qui se tiendra du 16 au 19 août, soit au cœur de la campagne électorale, fournira à des centaines de jeunes l’occasion de débattre des enjeux auxquels notre société est confrontée, notamment en échangeant directement avec les acteurs de l’avant-scène électorale. L’INM a en effet invité les leaders de tous les principaux partis politiques en lice aux élections du 4 septembre, dont certains ont déjà confirmé leur participation, soit Pauline Marois (PQ), Jean-Martin Aussant (ON) et Françoise David (QS). D’autres représentants politiques, Henri-François Gautrin (PLQ) et Dominique Anglade (CAQ), seront également de l’événement.

Au total, c’est avec près d’une centaine de personnalités et d’experts de haut calibre que les participants auront la chance d’échanger, notamment Justin Trudeau (PLC), Thomas Mulcair (NPD), Daniel Paillé (BQ), Laure Waridel (écosociologue), Louise Harel (Vision Montréal), Steven Guilbault (Équiterre), Denise Bombardier (chroniqueuse), Louis Roy, (CSN), Michel C. Auger (Radio-Canada), Diane Lemieux (CCQ), Marcel Côté (Groupe SECOR), Alec Castonguay (L’actualité), Simon Brault (Culture Montréal), Manon Barbeau (Wapikoni mobile), Luc Godbout (Université de Sherbrooke) et plusieurs autres.

À l’ordre du jour, le conflit étudiant, évidemment : un échange, animé par Simon Durivage, avec les trois leaders étudiants, Martine Desjardins, Gabriel Nadeau-Dubois et Léo Bureau-Blouin, ainsi qu’une table ronde sur le financement des universités. Au menu également, échanges et débats autour de la démocratie, la gouvernance et l’éthique, adoption des lois 78 à Québec et C-38 à Ottawa, rapport Duchesneau, Plan nord, Commission Charbonneau, finances publiques, etc.

« L’INM, avec ses collaborateurs, est confiant de contribuer concrètement à une meilleure participation électorale des jeunes dès le prochain scrutin, souligne Michel Venne. En effet, malgré le sombre diagnostic, tout indique que les initiatives bien ciblées ont le pouvoir de rejoindre les jeunes dans leur milieu et de les sensibiliser en lien avec leurs préoccupations. À terme, c’est le grand défi de la démocratie québécoise. »

L’Institut du Nouveau Monde

L’Institut du Nouveau Monde est une organisation non partisane dont la mission est de développer la participation citoyenne et de renouveler les idées au Québec. Il œuvre dans une perspective de justice et d’inclusion sociales, dans le respect des valeurs démocratiques et dans un esprit d’ouverture et d’innovation. L’action de l’INM a pour effet d’encourager la participation citoyenne et de contribuer au développement des compétences civiques, au renforcement du lien social et à la valorisation des institutions démocratiques.

Renseignements

Sophie Seguin-Lamarche, directrice, communications, affaires publiques et opérations
Institut du Nouveau Monde (INM)
sophie.seguin@inm.qc.ca | Tél. : 514 943-7893

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2018-07-27T13:48:35-04:00
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