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Propulser l’action citoyenne

Avec André-Yanne Parent, directrice générale du Projet de la réalité climatique Canada

Pourriez-vous nous parler un peu de votre parcours, tant au niveau de l’engagement que dans les sphères politiques et professionnelles ?

Dans le cadre de mes études en anthropologie, j’ai eu très rapidement la chance de travailler au sein de groupes de recherche, ce qui m’a permis d’avoir un regard global sur la pluralité montréalaise et la diversité ethnique et religieuse à Montréal. Je me suis alors spécialisée en anthropologie religieuse. D’une certaine façon, ça m’a amenée à mettre en application ces expériences de recherche anthropologiques, en faisant ce que j’appellerais un « stage terrain » à l’Assemblée nationale grâce à la Fondation Jean-Charles Bonenfant.

Par la suite, j’ai été amenée à travailler en persévérance scolaire, puis dans le milieu de la lutte contre les changements climatiques, dans lequel j’œuvre présentement. La préoccupation que j’avais pour les polycrises, dont certaines communautés historiquement marginalisées traversent, a été un fil d’Ariane dans ma formation. Pour ces communautés, la difficulté est souvent accentuée, de façon disproportionnée par rapport à d’autres populations, par les impacts de la crise climatique.

J’ai alors voulu me dédier pleinement, au-delà de mes activités militantes, à la question environnementale. C’est ce qui m’a amené à prendre part à Réalité climatique Canada, une organisation en éducation à l’urgence climatique.

Est-ce que vous vous souvenez de votre première participation à une École d’été de l’INM ?

Quand j’ai participé à ma première École d’été de l’INM, j’étais vraiment à un point tournant au niveau professionnel. Je venais de terminer mon stage à l’Assemblée nationale et de déposer mon mémoire de maîtrise. J’avais un petit peu une sensation de vertige… Celle qu’on ressent quand on a vécu quelque chose de très enveloppant et intense pendant un certain temps, mais qu’il y a un « après » à planifier. Je ne savais pas trop quoi faire !

Ma première participation était donc pendant l’année 2012, durant laquelle il y avait beaucoup de mobilisation étudiante. Du fait de mon stage très politique, je ne pouvais malheureusement pas prendre part à ce mouvement. L’École d’été arrivait donc à un bon moment pour moi, pour m’impliquer collectivement et réfléchir à des enjeux sociaux. Par-dessus tout, cette expérience m’a bien outillée pour prendre des décisions pour la suite de mon parcours.

Quel est votre meilleur souvenir de vos participations aux activités de l’INM ?

Ce qui m’a le plus marquée, et que j’espère porter encore aujourd’hui comme apprentissage, est d’avoir pu comprendre le modèle des groupes de travail très collaboratifs, utilisé lors des Écoles d’été. Dans mon cas, on était un groupe très diversifié et qui venait de partout au Québec. L’École d’été nous permettait de nous asseoir et de créer quelque chose de commun entre nous.

Créer cette communauté est d’autant plus important dans les espaces où le débat public commence à s’étioler et dans lesquels comprendre les points de vue divergents, prendre le temps de les absorber et d’y répondre avec empathie devient plus rare. Ce sont, selon moi, des caractéristiques qui sont dans l’ADN des Écoles d’été et que d’un point de vue méthodologique, je pense qu’elles sont extrêmement importantes à insuffler dans les relations à travers groupes de travail.

Quel impact croyez-vous que votre passage dans les Écoles de citoyenneté de l’INM a eu sur votre parcours ?

Dans le cadre de l’École de l’INM, j’ai pu faire des rencontres vraiment marquantes. J’ai pu rencontrer des personnes qui ont agi par la suite à titre de mentors dans le reste de ma carrière et même dans ma vie personnelle. Les relations qui ont été établies dans ce cadre, sur un terrain extrêmement convivial et centré sur l’empathie, la compréhension et la curiosité intellectuelle, ont marqué mon parcours.

En participant à une École d’été, c’est comme si on recevait un petit badge, en quelque sorte. On réalise ensuite qu’on est plusieurs personnes à avoir fait les écoles de l’INM. On aime se reconnaître comme ayant ce partage d’une expérience commune.

Qu’est-ce que ça signifie, pour vous, avoir 20 ans ?

Avoir 20 ans, c’est vraiment l’ouverture vers les possibles… C’est ce moment où on prend notre envol comme personne et où on a une forme d’ancrage et de sécurité par rapport à qui on est. En même temps, tout est possible par la suite, par rapport à où se diriger. Donc c’est un moment à la fois extrêmement puissant, mais aussi quand même intimidant.

On se demande quelle sera la prochaine étape. Comment je me positionne dans ma relation au monde ? Qui suis-je au-delà de mon cercle familial ou le cercle scolaire dans lequel j’ai évolué jusqu’à présent ?

Qu’est-ce que vous souhaitez léguer aux générations futures du Québec ?

C’est une question que je reçois avec beaucoup d’humilité ! J’ai l’espoir d’être en mesure de créer des espaces pour la mobilisation par rapport aux polycrises que l’on traverse collectivement, notamment la crise climatique, mais aussi la crise du logement et les enjeux socio-économiques. Je voudrais propulser l’action citoyenne et la démocratie participative pour influencer nos politiques publiques, de manière à ce qu’on lègue une société qui adresse les enjeux climatiques pour améliorer la qualité de vie de tous et toutes.

Je veux donc contribuer très modestement à ce débat social, mais surtout au climat dans lequel on trouve des solutions pour l’aborder avec espoir, mais aussi avec pragmatisme, considérant la gravité de la situation dans laquelle on est. J’espère pouvoir créer un espace pour que les nouvelles générations puissent avoir du possible et de l’espoir.

Photo de Valérie Dubuc

Façonner un monde plus juste, avancer ensemble, entretenir la flamme de la jeunesse. Dans le cadre des 20 ans de l’Institut du Nouveau Monde, nous avons demandé à 20 personnalités étant passées par les écoles de citoyenneté de l’INM de nous parler de leur parcours et de leur vision de la participation citoyenne. Quelle a été l’étincelle de leur engagement ? Qu’est-ce que ça signifie d’avoir 20 ans ? Que souhaiter aux générations futures ? À travers cette collection de portraits intimes et colorés, ils et elles nous racontent l’histoire d’un Québec pluriel et résolument tourné vers l’avenir.

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