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Développer son esprit critique

Avec Bianca Annie Marcelin, avocate chez McCarthy Tétreault

Pourriez-vous nous parler un peu de votre parcours, tant au niveau de l’engagement que dans les sphères politiques et professionnelles ?

Je suis née en Haïti, aussi connue sous le nom de « pays des montagnes ». J’ai vécu mes 5 premières années à Port-au-Prince, puis je suis arrivée au Québec avec mes parents et ma grande sœur.

Plus tard, l’un des cours qui m’a le plus marqué pendant mon parcours au cégep est mon deuxième cours de philosophie. Ce cours a été très marquant pour moi, car il m’a ouvert sur des questionnements au sujet de la place que j’occupe dans le monde ainsi que sur la relation d’interdépendance qui existe entre tout un chacun.

J’ai changé de cégep pour aller au Collège de Maisonneuve, où j’y ai découvert l’Institut du Nouveau Monde. Mes amis et moi étions toutes et tous dans le même esprit de vouloir s’impliquer, s’engager. J’ai alors participé au premier forum étudiant organisé avec l’INM. Je sentais que moi et les autres étudiants étions vraiment impliqués dans la modulation du forum, avec comme objectif de rassembler les autres étudiants du cégep et susciter des réflexions ensemble.

Ensuite, j’ai participé à l’École d’hiver qui a eu lieu à Joliette, à laquelle Maïtée Labrecque-Saganash et Véronique Hivon, notamment, étaient invitées. Je me rappelle que le parcours de Véronique Hivon m’a inspiré : sa formation en droit lui a été utile pour s’impliquer en politique et devenir vectrice de changement dans la société. Voir toutes ces personnes engagées, réunies à l’École d’hiver, m’a donné envie de poursuivre dans cette direction. Quelque temps plus tard, je commençais des études en droit à l’Université McGill.

Durant mon parcours académique, je me suis impliquée dans divers clubs et organismes. Je me suis notamment engagée auprès de la Clinique juridique itinérante, qui est un organisme offrant un service de vulgarisation et d’accompagnement aux personnes en situation d’itinérance. Au cours de mes études, je me suis aussi impliquée auprès de la Clinique juridique de Saint-Michel.

À la fin de mes études, j’ai été embauchée au cabinet où je travaille actuellement, McCarthy Tétrault. En ce moment, je travaille davantage en droit civil et commercial, mais dans ma pratique, j’ai aussi la possibilité de travailler sur des dossiers Pro Bono. En ce moment, je siège également sur le conseil d’administration de la clinique juridique de Saint-Michel parce que j’avais envie de m’impliquer dans un organisme.

Est-ce que vous vous souvenez de votre première participation à une activité de l’INM ?

Ma première participation à une activité de l’INM consiste à ma participation au comité organisateur du Forum Citoyen. Le Forum Citoyen avait pour objectif de mettre en place une journée où les élèves du Collège de Maisonneuve allaient se rassembler dans le cadre d’une journée afin de discuter de sujets qui nous touchent.

Quel est votre meilleur souvenir de vos participations aux activités de l’INM ?

Mon meilleur souvenir de ma participation aux activités de l’INM date de l’École d’Hiver de l’Institut du Nouveau Monde qui a eu lieu en 2017. Le panel qui m’a marquée est celui avec Maïtée Labrecque-Saganash, Paul St-Pierre Plamondon et Véronique Hivon. Ce que je retiens de ce panel est l’importance de s’engager et les différentes manières de le faire. Je constatais la diversité des parcours, des manières de faire et ça me donnait l’envie de poursuivre et d’aller de l’avant, par mes propres initiatives.

De plus, je me rappelle également les discussions que nous avions en sous-groupe sur diverses thématiques en lien avec l’engagement citoyen. J’aimais particulièrement la position non-partisane de l’INM. Je dirais que c’est ce qui m’a le plus marquée de ma participation aux activités. Je trouvais cet élément intéressant, parce qu’il permettait de créer un espace approprié pour que les jeunes puissent développer leur propre esprit critique, dans un environnement qui rassemble différentes pensées d’une manière respectueuse et nuancée.

Je trouve qu’il est pertinent d’offrir aux jeunes des outils pour réfléchir par eux-mêmes et pour eux-mêmes, puis se forger leur propre opinion de manière autonome, d’une certaine manière. Je me souviens que l’École d’hiver comportait une multitudes d’activités en sous groupe pour générer des discussions intéressantes.

Quel impact croyez-vous que votre passage dans les Écoles de citoyenneté de l’INM a eu sur votre parcours ?

Le mot « empowered » me vient en tête lorsque je repense à ce que j’ai ressenti à travers mon implication au forum citoyen au Collège de Maisonneuve et à ma participation à l’École d’hiver.

Je me souviens bien des ateliers organisés pour susciter la réflexion, pour trouver des solutions pratiques et les discussions qui en émanaient. C’est vraiment ce sentiment d’être empowered, de vouloir faire partie du mouvement qui nourrit les réflexions sociétales, qui m’a habité.

En créant un espace non-partisan, l’INM génère un espace rassembleur et inclusif. Je dirais que c’est également un impact significatif de l’INM sur mon parcours. Le fait de m’avoir permis de créer des liens précieux. Aujourd’hui, je suis encore très proche des personnes que j’ai rencontrées à travers les activités de l’Institut du Nouveau Monde. C’est drôle parce que ce sont des personnes qui n’ont pas nécessairement les mêmes idées et la même manière de voir les choses que moi. En fait, j’ai l’impression que si l’INM avait été un espace partisan, il y a certaines personnes et certains liens que j’ai créés là-bas qui n’auraient pas pu exister.

Qu’est-ce que ça signifie, pour vous, avoir 20 ans ?

Je pense qu’avoir 20 ans signifie avoir devant soi une grande étendue de possibilités. Quand j’avais 20 ans, j’avais l’impression que le monde était à moi et que rien ne pouvait m’arrêter. Le sentiment d’avoir un potentiel illimité que tu peux exploiter à tout moment. Avoir 20 ans signifie aussi être profondément optimiste.

Qu’est-ce que vous souhaitez aux générations futures du Québec ?

De lâcher nos téléphones ! J’ai l’impression que de plus en plus, nos téléphones créent une distraction sur ce qu’il se passe autour de nous. La technologie a beaucoup apporté, mais il y a quand même un contact avec l’environnement qui nous entoure qui semble se perdre ou du moins s’effriter. Mon souhait pour les générations futures est de continuer à nourrir le contact humain et de s’intéresser à ce qui se passe autour de nous. Il ne faut pas perdre cette volonté de sortir de chez soi et regarder ce que le monde a à offrir !

Le contact humain signifie particulièrement de s’intéresser aux autres et sortir de son domaine, vouloir apprendre, se nourrir de ce que l’autre à apporter. Cela implique de vouloir ouvrir ses horizons à l’inconnu et apprendre de cet inconnu.

Photo de Valérie Dubuc

Façonner un monde plus juste, avancer ensemble, entretenir la flamme de la jeunesse. Dans le cadre des 20 ans de l’Institut du Nouveau Monde, nous avons demandé à 20 personnalités étant passées par les écoles de citoyenneté de l’INM de nous parler de leur parcours et de leur vision de la participation citoyenne. Quelle a été l’étincelle de leur engagement ? Qu’est-ce que ça signifie d’avoir 20 ans ? Que souhaiter aux générations futures ? À travers cette collection de portraits intimes et colorés, ils et elles nous racontent l’histoire d’un Québec pluriel et résolument tourné vers l’avenir.

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