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Affronter les transitions

Avec Marc Jeannotte, cofondateur et directeur général de Votepour.ca

Pourriez-vous nous parler un peu de votre parcours, tant au niveau de l’engagement que dans les sphères politiques et professionnelles ?

Depuis l’adolescence, j’ai toujours été attiré par la chose politique. Dès l’âge de 18 ans, j’ai été impliqué dans l’aile jeunesse d’un parti politique. J’ai toujours été impliqué dans différents partis, mais toujours un peu désillusionné par la réelle capacité des formations politiques de bien incarner l’intelligence de tout le monde qui y était impliqué.

Une des choses que j’ai beaucoup aimé dans les Écoles de citoyenneté de l’INM, c’était la possibilité de fréquenter autant de jeunes avec des parcours différents, avec des visions politiques différentes, mais tous intéressés par la chose citoyenne et la contribution civique. J’ai réalisé qu’on perdait une partie de ce désir de servir le bien commun dans la dynamique partisane qu’on retrouve dans ces espaces-là.

Je me suis beaucoup intéressé par la suite aux formes de démocratie participative. Ce qui a vraiment été la bougie d’allumage à lancer Votepour.ca, ce sont les deux années durant lesquelles j’ai travaillé à Vivre en Ville, un organisme spécialisé en urbanisme durable. En découvrant de nouvelles approches participatives très près du citoyen, j’ai voulu développé mon expertise et la mettre à contribution au développement local et régional.

Est-ce que vous vous souvenez de votre première participation à une École d’été de l’INM ?

Lors de ma première expérience dans une école, je venais de rejoindre le groupe Génération d’idées avec Mélanie Joly, Stéphanie Bougie et Paul St-Pierre Plamondon notamment. Nous avions vraiment ce désir de mobiliser les 20-30 ans qui se sentaient un peu orphelins dans le domaine politique. On avait donc décidé de participer à différentes activités auprès des jeunes et les Écoles d’été et d’hiver ont été dans notre ligne de mire dès le départ. Ce qui nous frappait, c’était ce même désir partagé de se renouveler dans notre engagement civique, d’essayer de trouver des mécanismes, des moyens, des façons de contribuer à la chose politique hors du domaine partisan.

Ça a été une superbe expérience de réaliser qu’on était vraiment animé par une chose commune, par le même sentiment de vouloir contribuer à notre société sans nécessairement vouloir les mêmes façons de faire des générations passées.

Quel est votre meilleur souvenir de vos participations aux activités de l’INM ?

Je me rappelle d’une École d’été qui était organisée à l’École nationale d’administration publique et j’étais panéliste avec d’autres personnes dans un atelier de débat sur la démocratie participative par rapport à la démocratie représentative. Dans la salle, je pense que je n’ai jamais vu autant de jeunes brillants, articulés qui venaient confronter tellement d’a priori… C’était tellement riche et il y a plusieurs de ces personnes absolument inspirantes avec qui je suis encore en contact aujourd’hui. Je pense que c’est une des forces des Écoles d’été, à mon humble avis : au-delà du contenu, avoir la possibilité de rencontrer des gens qu’on n’aurait pas rencontrés auparavant, qui nous amènent ailleurs, plus loin dans nos réflexions.

C’était vraiment une année où je suis sortie de mon expérience sur un nuage, complètement enivré par toutes ces réflexions qui m’habitent encore aujourd’hui.

Quel impact croyez-vous que votre passage dans les Écoles de citoyenneté de l’INM a eu sur votre parcours ?

L’INM a clairement eu un impact dans mon parcours, sans que je m’en doute au moment de ma participation aux écoles de citoyenneté ! Ces expériences m’ont grandement animé et poussé à lancer Votepour.ca. Je crois que la mission de l’INM a besoin d’être dupliquée et c’est pourquoi j’ai fondé cette organisation avec des buts similaires. On s’y prend un peu différemment, mais on a la même communauté de pratiques, la même communauté de valeurs.

Je crois aussi qu’il faut plus d’acteurs qui peuvent venir créer un bon maillage entre la contribution civique citoyenne et la prise de décisions démocratiques.

Les Écoles d’été ont tellement été frappantes parce qu’elles ont permis de rencontrer énormément de personnes qui voulaient contribuer activement en ce sens. Toute personne qui est désillusionnée par l’inaction ou l’apathie politique devrait assister à une École de l’INM et tout de suite, on recharge les batteries de l’optimisme, c’est garanti.

Qu’est-ce que ça signifie, pour vous, avoir 20 ans ?

Avoir 20 ans, c’est certainement un accomplissement. Nous-même, notre organisation n’a pas toutes ces années d’expérience et je peux imaginer une très grande fierté de l’équipe de l’INM d’arriver à 20 ans d’expérience.

Cela dit, je me souviens quand j’avais 20 ans et pour avoir fréquenté des jeunes dans la vingtaine, on s’imagine avoir tout appris et on est convaincu de beaucoup de choses. Donc, j’aurais tendance à dire qu’avoir 20 ans, c’est aussi réaliser qu’il reste encore 20 ans d’apprentissage et un autre 20 ans après pour accumuler de l’expérience, etc.

Si on peut souhaiter quelque chose à l’INM, c’est un autre 20 ans d’Écoles de citoyenneté! Avec un autre 20 ans à former des jeunes et moins jeunes, mais surtout, un autre 20 ans à apprendre et vouloir innover.

Qu’est-ce que vous souhaitez aux générations futures du Québec ?

Un bon mélange d’audace et d’empathie! Quelque chose dont nous avons absolument besoin pour la prochaine génération, c’est une classe politique, mais plus généralement une classe d’acteurs et de décideurs à tous les échelons, qui n’ont pas peur d’affronter les transitions.

Comme d’autres générations avant nous qui ont provoqué de grandes transformations, on a besoin d’audace, de vision et surtout d’empathie. On a besoin d’entrepreneurs sociaux, d’entrepreneurs civiques et de décideurs qui ont le goût de la transformation. Après tout, la transformation, elle nous arrive de toute façon en pleine face, qu’on le veuille ou non. Vaut mieux la chercher que la subir!

Photo de Valérie Dubuc

Façonner un monde plus juste, avancer ensemble, entretenir la flamme de la jeunesse. Dans le cadre des 20 ans de l’Institut du Nouveau Monde, nous avons demandé à 20 personnalités étant passées par les écoles de citoyenneté de l’INM de nous parler de leur parcours et de leur vision de la participation citoyenne. Quelle a été l’étincelle de leur engagement ? Qu’est-ce que ça signifie d’avoir 20 ans ? Que souhaiter aux générations futures ? À travers cette collection de portraits intimes et colorés, ils et elles nous racontent l’histoire d’un Québec pluriel et résolument tourné vers l’avenir.

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