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Encourager le dialogue

Avec Mona Belleau, directrice principale du soutien à la communauté et à la sécurisation culturelle chez BC2

Pourriez-vous nous parler un peu de votre parcours, tant au niveau de l’engagement que dans les sphères politiques et professionnelles ?

Je suis un peu une « touche-à-tout ». Je m’intéresse à la politique, à l’architecture et à la décolonisation. J’aime également les questions de gouvernance, notamment dans les communautés autochtones. Je fais vraiment plein de choses. C’est difficile, je crois, de me mettre dans une case, mais mon action tourne toujours autour du dialogue entre les cultures autochtones et la culture dominante au Québec et au Canada, voire à l’international.

Est-ce que vous vous souvenez de votre première participation à une École d’été de l’INM ?

Mon passage à l’École d’été en 2004 a été vraiment marquant ! Je me souviens que j’avais commencé l’université quelques mois auparavant, en 2003, alors que comme personne Autochtone, ce n’est pas toujours évident d’envisager d’aller faire des études supérieures. Grâce à l’invitation de Geneviève Baril, nous étions donc une grande délégation autochtone à participer à l’École d’été.

C’est un des endroits où j’ai senti que nous étions vraiment écoutés, que nous avions vraiment une voix. Nous étions toutes des personnes qui avaient quelque chose à dire et c’était marquant de sentir l’ouverture de l’équipe de l’INM et des autres participants face à notre opinion. Pour moi, c’était quelque chose de complètement nouveau parce que j’étais habituée à ce qu’on nous demande de taire notre parcours et les difficultés que nous avions rencontrées sur notre chemin.

À l’École d’été, on pouvait aussi discuter entre nous et faire de belles rencontres. Il y avait une solidarité omniprésente. Le fait de savoir qu’on pouvait m’écouter, a marqué le départ d’un réel leadership pour moi. Juste avant de vivre cette expérience, un aîné autochtone m’a dit : « Mona, quand on te donne la parole, tu la prends ». C’est ce que j’ai mis en pratique après l’École d’été.

Depuis ce temps-là, j’ai été placée dans des positions de leadership, qui ont réellement été un tremplin pour la suite.

Quel est votre meilleur souvenir de vos participations aux activités de l’INM ?

C’est plein de beaux souvenirs, de petits moments ici et là, de la puissance autochtone. Je me rappelle d’une photo que nous avons prise à la fin de l’École d’été, avec tous les participants Autochtones. Je la revisite régulièrement en me disant qu’on était une belle « gang ». D’ailleurs, nous sommes tous devenus des leaders après… Ça ne peut pas être une coïncidence ! 

Quel impact croyez-vous que votre passage dans les Écoles de citoyenneté de l’INM a eu sur votre parcours ?

Ça a été majeur parce qu’on a créé des liens durables entre nous, les différents membres de la cohorte autochtone. À travers ces activités, on sentait qu’on avait toujours le soutien de l’équipe de l’INM. On pouvait compter sur Geneviève Baril quand on avait des questions et c’était vraiment bien parce que comme jeunes Autochtones, on n’avait pas toujours l’impression d’avoir une place dans les milieux non autochtones. C’était important de ressentir qu’il y avait un respect pour nos opinions et notre vécu. Par la suite, j’ai toujours voulu continuer à partager cette expérience de dialogue avec la population non autochtone.

Qu’est-ce que ça signifie, pour vous, avoir 20 ans ?

Avoir 20 ans, je pense que c’est de connaître qui on est, de se découvrir avec le temps. Aujourd’hui, j’ai 44 ans et assurément je me connais mieux que lorsque j’avais 24 ans. Avoir 20 ans, ça se célèbre, c’est marquant. On arrive à un moment de maturité où on peut avoir un regard tourné vers notre parcours et se demander où on s’en va.

Qu’est-ce que vous souhaitez aux générations futures du Québec ?

Je leur souhaite de dialoguer ! Dialoguer avec les peuples autochtones pour apprendre notre vraie histoire, notre vraie culture et ne pas se laisser avoir par les préjugés qu’on entend aujourd’hui. Il faut vraiment cheminer dans notre ouverture envers l’Autre, surtout envers les peuples autochtones, mais aussi envers les immigrants, les réfugiés, ou encore les demandeurs d’asiles. Les jeunes doivent pousser plus loin leur accueil, tel que l’ont fait d’ailleurs les communautés autochtones pour les autres peuples.

Photo de Valérie Dubuc

Façonner un monde plus juste, avancer ensemble, entretenir la flamme de la jeunesse. Dans le cadre des 20 ans de l’Institut du Nouveau Monde, nous avons demandé à 20 personnalités étant passées par les écoles de citoyenneté de l’INM de nous parler de leur parcours et de leur vision de la participation citoyenne. Quelle a été l’étincelle de leur engagement ? Qu’est-ce que ça signifie d’avoir 20 ans ? Que souhaiter aux générations futures ? À travers cette collection de portraits intimes et colorés, ils et elles nous racontent l’histoire d’un Québec pluriel et résolument tourné vers l’avenir.

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