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Garder la flamme de la jeunesse

Avec Ruba Ghazal, députée de Mercier

Pourriez-vous nous parler un peu de votre parcours, tant au niveau de l’engagement que dans les sphères politiques et professionnelles ?

Je suis membre fondatrice de Québec solidaire. Je suis impliquée en politique depuis 2004, d’abord de façon bénévole, puis j’ai été élue pour la première fois en 2018 comme députée et réélue une deuxième fois en octobre 2022.

Je viens également du milieu de l’industrie manufacturière. J’ai une maîtrise en environnement, un baccalauréat en comptabilité et j’ai travaillé pendant une quinzaine d’années en protection de l’environnement et en santé et sécurité au travail.

Est-ce que vous vous souvenez de votre première participation à une École d’été de l’INM ?

Je me rappelle parfaitement bien de la première édition de l’École d’été, en 2004. J’avais 26 ans, et j’étais très excitée de voir toutes les personnalités qui avaient été invitées comme panélistes. Il y avait Françoise David, entre autres, qui allait y être. J’étais déjà impliquée avec elle dans un mouvement politique de gauche, ce qui me rendait d’autant plus fébrile de participer.

J’ai adoré mon expérience. Celle-ci reste imprimée dans ma mémoire et j’ai beaucoup appris. Je me souviens notamment d’un moment où M. Bernard Landry était venu donner une conférence, puis j’avais posé une question grâce à laquelle j’ai été citée dans Le Devoir. J’étais bien fière de moi ! Je dois avouer que j’avais été un peu « méchante » dans ma question, mais j’avais beaucoup de respect pour Monsieur Landry quand même. 

L’École d’été, c’est plein de souvenirs comme celui-là qui demeurent très vifs. De me retrouver ici 20 ans plus tard, ça me touche profondément.

Quel est votre meilleur souvenir de vos participations aux activités de l’INM ?

Cette première édition demeure mon meilleur souvenir. Ce qui m’a marquée, c’est sentir que, comme jeunes, on peut être près de personnalités et de décideurs de toutes les sphères de la société. 

C’est une expérience qui nous donne la possibilité de commencer à affirmer notre voix et de dire haut et fort « moi je suis d’accord avec ci, mais je ne suis pas d’accord avec ça ».

Aussi, il y avait une implication tangible lors de ces évènements. Dans une autre édition de l’École d’été de l’INM, on participait à plusieurs ateliers en groupes, dans le but d’arriver avec des propositions concrètes sur des enjeux de société. Quand on est jeune, de sentir qu’on peut participer au débat et que ce soit reconnu, c’est très formateur.

Quel impact croyez-vous que votre passage dans les Écoles de citoyenneté de l’INM a eu sur votre parcours ?

J’ai participé à la première édition au même moment où je décidais de m’impliquer dans « l’ancêtre » de Québec solidaire, le mouvement Option citoyenne. On affirmait déjà à l’époque qu’il fallait un mouvement politique de gauche, écologiste et progressiste au Québec.

L’École d’été de l’INM tombait donc à point. Au même moment où je voulais participer dans ma société, il y avait aussi cet évènement qui appuyait ce désir. Évidemment, voir d’autres jeunes qui voulaient participer démocratiquement et se mobiliser dans leur société était inspirant pour la suite de mon propre engagement.

Je trouve d’ailleurs que c’est génial que l’École d’été puisse continuer 20 ans plus tard. Ça fait en sorte que d’autres générations, comme moi à l’époque, auront envie de contribuer à leur communauté. Parfois, les jeunes ont envie de s’impliquer, mais ils ne savent pas trop où et dans quel mouvement. L’INM demeure une très belle porte d’entrée pour eux dans les mouvements démocratiques.

Qu’est-ce que ça signifie, pour vous, avoir 20 ans ?

Avoir 20 ans, c’est sentir que tout est possible, mais se rendre compte qu’il va falloir faire des choix qui auront des conséquences pour notre futur. 

C’est de sentir aussi qu’on a une grande liberté, celle de ne pas se sentir « encarcané » par les choix de nos parents ou par les pressions extérieures. Je sais qu’on peut être pris entre les deux, entre cette liberté de faire ce qu’on veut et en même temps sentir une pression de vouloir satisfaire les attentes des autres. Mais en vérité, tous les horizons sont ouverts face à nous !

Qu’est-ce que vous souhaitez aux générations futures du Québec ?

Quand on regarde l’état du monde et de la planète, c’est angoissant. Même le premier ministre François Legault a dit qu’il faisait de l’écoanxiété ! Comment imaginer ce que les jeunes peuvent ressentir avec ce qu’on vient de vivre avec les feux de forêt au Québec ? On sentait dans l’air qu’on respirait les impacts des changements climatiques cet été plus que jamais auparavant.

Ce que je souhaite pour les jeunes, c’est de l’espoir et de sentir qu’ils ont une prise sur l’état du monde, qu’ils peuvent avoir un impact sur leur société malgré toutes les catastrophes écologiques que l’on vit.

Je leur souhaite de l’action citoyenne aussi, pour sentir à quel point ils peuvent provoquer des changements face à leur propre avenir. Ils doivent garder cette flamme-là avec eux, si belle durant la jeunesse.

Qu’est-ce que vous souhaitez aux jeunes qui vont participer à la 20e édition de l’École d’été en septembre ?

Les jeunes sont curieux de nature. Je leur souhaite d’être encore plus curieux pendant l’École d’été, d’avoir les oreilles et les yeux ouverts, d’avoir de l’inspiration. On dit que les idées mènent le monde, mais moi je pense que ce sont plutôt les personnes qui incarnent et qui portent ces idées-là qui mènent le monde.

Je souhaite aux jeunes de sortir de cette expérience avec des projets plein la tête. Je voudrais qu’il puissent être inspirés pour passer à l’action et faire tout ce qu’ils ont envie.

J’ai juste envie de souhaiter une bonne École d’été à tous les jeunes qui vont y participer. Qui sait si, dans 20 ans, ils feront aussi partie d’un projet pour les 40 ans de l’École d’été de l’INM?

Photo de Valérie Dubuc

Façonner un monde plus juste, avancer ensemble, entretenir la flamme de la jeunesse. Dans le cadre des 20 ans de l’Institut du Nouveau Monde, nous avons demandé à 20 personnalités étant passées par les écoles de citoyenneté de l’INM de nous parler de leur parcours et de leur vision de la participation citoyenne. Quelle a été l’étincelle de leur engagement ? Qu’est-ce que ça signifie d’avoir 20 ans ? Que souhaiter aux générations futures ? À travers cette collection de portraits intimes et colorés, ils et elles nous racontent l’histoire d’un Québec pluriel et résolument tourné vers l’avenir.

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