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Réfléchir collectivement

Avec Alexandre Cloutier, président de l’Université du Québec

Pourriez-vous nous parler un peu de votre parcours, tant au niveau de l’engagement que dans les sphères politiques et professionnelles ?

Comment être bref sur son parcours lorsque les années passent et qu’on a de plus en plus de cheveux gris ? Je suis d’abord et avant tout un « bleuet » d’origine et je dirais un « bleuet » qui continue de vieillir. Je suis né au Lac-Saint-Jean, j’ai étudié à Montréal, à Ottawa, en Angleterre, en France. Je me suis quand même pas mal promené durant mes années universitaires.

J’ai eu une carrière politique durant quelques années, quatre élections, j’ai été ministre du gouvernement Marois. J’ai aussi été avocat, ancien clerc de la Cour suprême. Surtout, je pense qu’à la base, je suis un idéaliste qui a vécu ses rêves et qui maintenant est président de l’Université du Québec

Est-ce que vous vous souvenez de votre première participation à une École d’été de l’INM ?

Pour être honnête, je ne pense pas me souvenir de la première fois que j’y ai participé. J’ai essayé de chercher dans mon calendrier des dernières années. Puis, quand j’ai cherché les mentions de l’INM, il y avait tellement de choses qui ont émergées que je me suis dit que visiblement j’ai participé à de très nombreux événements de l’Institut du Nouveau Monde, de sorte que je n’ai pas un souvenir frais de ma première participation.

Par contre, c’est clair pour moi que j’ai participé à de nombreux événements, que ce soit le lancement de L’État du Québec, des rassemblements de nature un peu plus thématiques, parfois sur la santé, l’engagement, la démocratie, etc.

Quel est votre meilleur souvenir de vos participations aux activités de l’INM ?

Probablement à l’Estérel, j’avais particulièrement aimé ce moment. De mémoire c’était en 2017, après des courses au leadership du Parti québécois qui ne se sont pas traduites comme je l’avais souhaité. Je prenais la parole devant peut-être 100 à 150 personnes. Je me suis amusé à faire des blagues en leur disant que comme je venais de perdre deux courses au leadership, c’était le temps de fonder un nouveau parti politique. Il y avait 150 personnes dans la salle, motivées, des gens brillants, super engagés. Je trouvais que la réception avait été particulièrement bonne. Je me suis dit qu’il fallait que je revienne sur terre pour dire que c’était juste une blague ! Mais les gens avaient trouvé ça plutôt sympathique.

Donc ce que je retiens surtout de l’INM, ce sont les gens que j’ai rencontrés. Je pense que ultimement, c’est le plus fondamental. L’INM réfléchit collectivement, ne réfléchit pas de façon sectaire ou en visant une clientèle particulière. Et c’est ce que j’aime. C’est ce qui manque. Je pense qu’à l’heure actuelle, dans la politique au sens large, on réfléchit moins pour la nation québécoise, mais on fait plus pour la défense de secteurs d’intérêts. Moi, je rêve d’un discours qui reprenne davantage le collectif et moins axé sur des individus.

Quel impact croyez-vous que votre passage dans les Écoles de citoyenneté de l’INM a eu sur votre parcours ?

L’impact a été important, surtout grâce aux gens que j’y ai rencontrés. Je pense que les gens qui s’intéressent aux activités de l’INM, ce sont des gens qui aiment le Québec à la base, qui aiment le monde bien sûr, qui ont le goût de s’impliquer, qui ont le goût de s’investir.

Ce que j’apprécie en particulier, c’est cette diversité de points de vue, de parcours différents, c’est ce mixage social qui fait en sorte que je trouve que les discussions y sont particulièrement riches. Encore une fois, ça nous sort des partis politiques qui ont bien sûr davantage de gens qui pensent comme nous. Puis quand on vit en société et qu’on vit en famille, on doit nécessairement côtoyer des gens qui n’ont pas les mêmes points de vue. Et je trouve ça vraiment génial d’avoir cette opportunité de le faire.

Naturellement, j’ai toujours beaucoup d’admiration pour les gens qui essaient de rendre la société meilleure. Bien évidemment, on n’est pas toujours d’accord, bien sûr, mais ça donne des opportunités fort intéressantes de discussions de gens allumés.

Qu’est-ce que ça signifie, pour vous, avoir 20 ans ?

En ce qui me concerne, ce sont les meilleures années de ma vie ! À 20 ans, j’étais étudiant en France, je n’avais jamais mis les pieds en Europe avant ça. C’était la première fois que je traversais l’Atlantique. Alors, entre la vingtaine et la trentaine, j’ai surtout étudié, et ce sont des années de liberté, des années de découverte, des années d’essais et de certaines erreurs quand même.

Mais de façon générale, j’ai toujours dit que l’année de mes 21 ans était la plus belle année de ma vie et ça va probablement finir ainsi. À 21 ans, quand on voyage dans le monde, puis qu’on a pas trop de responsabilités, pas trop d’argent non plus, mais le goût de découvrir et d’apprendre, c’est génial. C’est ce que je dirais à un jeune de 20 ans : « Apprends, forme-toi, essaye le plus d’expériences différentes, évidemment si tu le peux ».

Qu’est-ce que vous souhaitez aux générations futures du Québec ?

Je trouve ça un peu prétentieux, honnêtement, comme question. Je pense que je ne suis pas sûr que je suis capable de répondre à cette question-là. J’ai le goût de contribuer à la hauteur de ce que je peux accomplir. Là, je suis président de l’Université du Québec. Je considère que l’Université de Québec est un joyau extraordinaire qui appartient à la nation québécoise, qui a été créée durant la Révolution tranquille. Alors ce que je souhaite, c’est que les Québécois et Québécoises soient aussi fiers de l’Université du Québec qu’ils le sont d’Hydro-Québec et qu’ils aient le goût d’envoyer leurs jeunes à l’Université du Québec, dans les régions du Québec pour qu’on ait une métropole forte, une capitale forte, mais aussi des régions fortes avec de grandes institutions universitaires.

Photo de Valérie Dubuc

Façonner un monde plus juste, avancer ensemble, entretenir la flamme de la jeunesse. Dans le cadre des 20 ans de l’Institut du Nouveau Monde, nous avons demandé à 20 personnalités étant passées par les écoles de citoyenneté de l’INM de nous parler de leur parcours et de leur vision de la participation citoyenne. Quelle a été l’étincelle de leur engagement ? Qu’est-ce que ça signifie d’avoir 20 ans ? Que souhaiter aux générations futures ? À travers cette collection de portraits intimes et colorés, ils et elles nous racontent l’histoire d’un Québec pluriel et résolument tourné vers l’avenir.

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