Retour

S’ancrer dans sa région

Avec Camille Esther Garon, conseillère en consultations publiques à la Ville de Québec

Pourriez-vous nous parler un peu de votre parcours, tant au niveau de l’engagement que dans les sphères politiques et professionnelles ?

Mon nom est Camille Esther Garon, je suis conseillère en consultations publiques à la Ville de Québec depuis bientôt un an. Je vis dans la Ville de Québec, qui est en fait sur le territoire de Wendake, des Premières Nations. Mon parcours a toujours été marqué par ma passion pour la politique, la diversité, l’inclusion, la participation citoyenne, l’engagement, mais aussi l’entrepreneuriat.

J’ai fait un baccalauréat en science politique, surtout centré sur les enjeux des campagnes électorales et sur les relations internationales. Puis, je suis allée sur le marché du travail directement. Ça m’a pris six mois avant de trouver mon premier emploi, que j’ai finalement obtenu au Réseau femmes et politique municipale de la Capitale-Nationale.

J’ai aussi fait beaucoup d’animation et de l’organisation d’événements. C’est à ce moment que j’ai commencé à me passionner pour l’événementiel en organisant mes propres initiatives à Québec.

À titre de parenthèse, pendant les six mois durant lesquels je cherchais un emploi, je voulais absolument partir pour aller à Montréal, car je trouvais qu’il ne se passait rien à Québec. Cette perception a changé quand j’ai commencé à participer aux activités de l’INM avec l’École d’influence en 2019, suivie de l’École d’hiver et de l’École d’été, qui m’ont passionnée. À un moment donné, quelqu’un m’a dit « tu sais, Camille, tu dis qu’il n’y a rien à Québec, mais toi, tu fais quoi ? ».

À partir de ce moment, j’ai commencé à appliquer tous les apprentissages que j’ai reçus dans les activités que j’ai fait avec l’INM, mais à Québec et avec mes propres initiatives, toujours en lien avec mes identités.

J’ai commencé avec un évènement, Célébrons les Afro-Québécoises, qui a tenu sa troisième édition dernièrement. J’ai aussi fait une initiative qui s’appelle Assumé.e.s et fier.ère.s à Québec, pour mettre de l’avant les personnes racisées queer dans la ville et j’ai pris part à plusieurs activités pour le Mois des Adopté.e.s.

Contribuer à plusieurs initiatives m’a amenée à être passionnée de la diversité, de l’inclusion, de l’engagement, puis aussi de l’animation, de l’organisation de panels et de mettre de l’avant des personnes de différents milieux.

J’ai réalisé aussi que la collaboration, c’est vraiment la clé de l’engagement, notamment pour pouvoir s’élever ensemble en tant que femmes et en tant que personnes racisées.

Est-ce que vous vous souvenez de votre première participation à une École d’été de l’INM ?

C’était à l’École d’influence, en hiver. Je venais de terminer mon baccalauréat et je commençais à chercher un emploi. Je ne savais pas ce que c’était au départ, mais j’ai trouvé cet évènement vraiment bien parce qu’il se faisait un point d’honneur de regrouper des personnes racisées, noires, autochtones, qui étaient d’un peu partout.

J’avais un peu un syndrome de l’imposteur parce que je n’avais pas d’expérience, mais c’est à partir de ce moment-là que j’ai eu des rencontres extraordinaires qui m’ont propulsée. J’ai pu assister à des panels de discussion sur l’engagement, rencontrer des gens qui étaient inspirants dans les milieux politique et entrepreneurial

La marraine de l’événement, à cette époque-là, était Dorothy Alexandre, une personne que j’admire énormément. Aujourd’hui, j’ai le plaisir de le dire : je suis la marraine pour l’édition 2023, qui se tiendra pour la première fois à Québec. Il y a un cycle qui continue ! C’est avec l’INM que j’ai moi-même pu développer mes outils, notamment prendre sa place, ne pas attendre les opportunités, mais les créer. Maintenant, je redonne !

Quel est votre meilleur souvenir de vos participations aux activités de l’INM ?

Mon meilleur souvenir, c’était à la fin de l’École d’influence, quand on s’est retrouvés dans un cercle. C’était vraiment intéressant de voir l’enrichissement des personnes. J’ai pu développer des bonnes connexions avec des gens et ça m’inspire parce qu’aujourd’hui, lorsque je vois ce qu’ils sont devenus. J’ai connu des femmes racisées qui sont maintenant entrepreneures ou qui sont directrices générales par exemple. L’engagement et la participation citoyenne, ce n’est pas uniquement une expérience comme les autres, c’est quelque chose qui permet d’être outillé à plusieurs niveaux.

J’ai aussi développé des relations amicales avec des gens qui eux, sont rendus à d’autres endroits dans leur vie.

Quel impact croyez-vous que votre passage dans les Écoles de citoyenneté de l’INM a eu sur votre parcours ?

Qu’il faut toujours être stratégique dans nos approches et s’assurer que les actions qu’on fait au présent sont en quelque sorte un investissement pour cinq ans.

Je m’explique : quand j’étais dans mon baccalauréat, j’étais très émotive. J’avais beaucoup de débats, j’étais intéressée par la question de la justice sociale avec un grand militantisme.

Puis l’INM m’a appris à me positionner, à savoir comment aborder mes positions plus stratégiquement. J’ai compris qu’on ne peut pas toujours avoir des confrontations et être dans l’émotion. Il faut être capable de négocier et d’approcher l’autre avec tact. J’en ai la preuve avec l’emploi que j’ai actuellement. Des fois, on doit faire affaire avec des groupes de pression sur des enjeux qui sont politiques. À d’autres moments, on a affaire avec des élus d’opposition, mécontents d’une décision du parti ou du comité exécutif. Quand on fait des consultations publiques, il y a souvent des désaccords.

L’impact des activités de l’INM aujourd’hui, c’est que j’ai des élus à Québec qui me font confiance, qui apprécient mon animation parce que l’approche que j’ai apprise est très bienveillante et empathique. J’ai appris à écouter les opinions de chacun et c’est essentiel pour notre dialogue en société et en démocratie.

Qu’est-ce que vous souhaitez aux générations futures du Québec ?

Je souhaite léguer au Québec, aux générations futures, une société qui prône la justice sociale, une société qui est égalitaire, une société dans laquelle on a toute notre place. Une société aussi dans laquelle on sait s’écouter les uns les autres.

Je dis souvent que la diversité c’est un fait, l’inclusion c’est un choix et l’équité c’est un devoir. C’est un devoir dans notre société de s’assurer que tout le monde puisse avoir les mêmes chances. C’est un devoir dans notre société que l’on puisse prendre des décisions qui sont légitimes et dans le respect de tous. J’espère donc que l’on atteindra cet idéal.

J’espère aussi, dans la société de demain, qu’on aura une meilleure écoute envers les femmes et les personnes LGBTQ+, pour remarquer qu’il n’existe pas que la binarité des genres notamment. Je souhaite donc que tout le monde puisse avoir sa place, que tout le monde puisse être entendu. Et s’assurer que nos décisions puissent être entendues dans les instances décisionnelles.

Photo de Valérie Dubuc

Façonner un monde plus juste, avancer ensemble, entretenir la flamme de la jeunesse. Dans le cadre des 20 ans de l’Institut du Nouveau Monde, nous avons demandé à 20 personnalités étant passées par les écoles de citoyenneté de l’INM de nous parler de leur parcours et de leur vision de la participation citoyenne. Quelle a été l’étincelle de leur engagement ? Qu’est-ce que ça signifie d’avoir 20 ans ? Que souhaiter aux générations futures ? À travers cette collection de portraits intimes et colorés, ils et elles nous racontent l’histoire d’un Québec pluriel et résolument tourné vers l’avenir.

Avec le soutien de :